Autre fait, très largement significatif en 2022, le loueur de voitures allemand Sixt marche en octobre, sur les plates bandes de Tesla en signant un contrat de 100.000 voitures avec le chinois BYD. C’est un coup très dur pour l’entreprise américaine qui aurait pu encore faire monter sa valeur en bourse. Alors, bien entendu, l’opération est avant tout d’ordre financier car les véhicules du constructeur chinois sont plus abordables. Mais quelles répercussions ce contrat va-t-il avoir sur notre vie à tous ?
Projetons nous dans un futur proche :
Nous sommes en 2024, vous arrivez à l’aéroport Charles De Gaulle et vous allez prendre possession du véhicule électrique que vous venez de louer. Le site de la société de location de voiture vous propose une Volkswagen SUV compact électrique pour une somme X,Y ou Z. Arrivé au guichet, la personne que vous avez devant-vous, vous dit que le véhicule que vous avez loué, n’est plus disponible et que vous allez avoir dans vos mains une Atto 3 du chinois BYD.
C’est une première…
Le véhicule est confortable, truffé de technologie et rivalise de manière effrayante avec les produits occidentaux (et cela comprend aussi les véhicules coréens et japonais) : une autonomie de 420 km et une puissance de 204 ch, ce n’est pas si mal pour un produit issu d’un pays qui, il y a encore 20 ans était réputé pour produire des produits abominablement bon marché et de très mauvaise qualité. Oui mais voilà, nous sommes en face d’une problématique de choix, car ce véhicule en question est une véritable usine à produire des données.
Rappelons qu’à la fin 2022, Stellantis lançait, elle aussi, un vaste programme visant à la commercialisation des données de ses véhicules en circulation.
Et en ce qui concerne BYD, où vont ces données ?
Précisément sur des serveurs basés sur le sol chinois. Un sol chinois sur lequel le gouvernement communiste de Pékin s’octroie le droit d’utiliser toutes les données qu’il peut utiliser, à sa guise, au détriment même de tout respect pour la liberté individuelle. On pourrait penser que ce n’est pas si grave, peut-être ?
Mais cela pourrait néanmoins l’être, car la voiture que vous allez louer et utiliser, va non seulement collecter tout ce qu’elle peut sur vos déplacements et vos coordonnées bancaires (puisque la tendance de multiplier des services payants s’accélère), mais elle va aussi aller chercher dans votre smartphone toutes les informations qu’elle pourra collecter. Si vous avez un doute sur ce point, rappelez-vous le scandale récent, qui était lié à Zoom, l’entreprise d’Eric Yuan, dont les serveurs étaient établis en Chine.
La question suivante se pose donc : Sixt est-elle – avec BYD – en train d’introduire un cheval de Troy fatal pour l’Occident ?
Attention, nous ne parlons pas ici des nombreux véhicules électriques produits en Chine – notamment une bonne partie de la production des Tesla – et qui sont exportés un peu partout dans le monde (et de ce fait, jusqu’à preuve du contraire du moins, échapper aux règles strictes du gouvernement de Pékin, du moins on peut l’espérer), mais bien de véhicules produits par des entreprises chinoises qui n’ont d’autres choix que de se plier à une doctrine dictatoriale qui pourrait se révéler très nocive pour nous. Surtout en cas de tensions avec la Chine (pour la question taïwanaise par exemple).
Le mondial de l’auto vient de le révéler, l’industrie automobile chinoise est progressivement en train de prendre le dessus sur la production occidentale. Plus inquiétant encore, Huawei vient de signer pour la prolongation de certaines de ses licences 4G, avec 15 constructeurs automobiles de part le monde (dont Audi, Mercedes-Benz et BMW). Ce qui représente 15 millions de véhicules connectés. Un peu moins du double de 2021. Pire, le chinois renoue son partenariat avec Nokia. Bien entendu, on se doute que dans ce cas précis, l’entreprise chinoise lorgne sur le développement de ses équipements et de ses logiciels pour le déploiement des futures infrastructures 5G européennes (voir même pour celui de la 6G). Quoi de plus pratique que de passer par un concurrent pour faire sa tanière. En gros, Huawei se retrouve dans nos maisons (n’oublions pas non plus son importance comme acteur dans les routeurs pour les panneaux solaires), dans nos voitures et surtout dans nos moyens de communications et ce malgré toutes les restrictions occidentales imposées aux entreprises chinoises, ces deux dernières années.
La question est donc simple : Devons-nous acheter des véhicules électriques chinois – moins cher et plus forcément de mauvaise qualité, comme cela pouvait être le cas dans le passé – au risque de faire rentrer le loup dans la bergerie ?
Le bon sens voudrait que la réponse soit non ! Pourtant les ventes de véhicules électriques chinois, dans l’Union Européenne, grimpent de manière inquiétante en 2022.
Si nous laissons entrer dans nos vies, la Chine – une Chine qui est très attentive aux réactions occidentales par rapport à l’invasion de l’Ukraine par la Russie – comme nous l’avons fait avec la Russie, nous risquons très sérieusement d’être paralysés lors d’une potentielle invasion de Taïwan par cette dernière (si nous réagissons aussi à celle-ci).
L’automobile, nous l’avons vu à maintes reprises, est intimement liée aux semi-conducteurs et nous en avons aussi fait les frais en 2022 (et 2021). Pékin a soudainement montré à nouveau les dents cette année en ce qui concerne l’annexion de Taïwan. Diplomatiquement, la visite officielle de Nancy Pelosi sur l’île, était loin de calmer les tensions entre les américains (et par extension les occidentaux) et les chinois. Et même si nous ne pouvions pas imaginer une dégringolade radicale qui aurait pu entraîner la patrie de l’Oncle Sam dans un conflit armé, les tensions restent néanmoins très sérieuses. N’oublions pas que Taïwan, même si les choses se mettent en place dans les pays occidentaux (TSMC se concentre sur l’Arizona pour diversifier géographiquement, ses unités de production, mais le pays représente encore pour plusieurs mois, 60% de la fabrication des semi-conducteurs produits dans le monde). Ces semi-conducteurs, on en retrouve partout dans nos voitures, mais aussi dans les appareils électroniques et électroménagers qui deviennent de plus en plus connectés eux-aussi. En gros, si la Chine venait à mettre la main sur Taïwan et qu’un nouveau conflit surgissait – et qui entraînerait une saisie globale de la production mondiale de semi-conducteurs par la Chine – c’est environ deux tiers des usines de part le monde qui devraient avoir la vie dure. Autant dire que la Chine deviendrait clairement la maîtresse du monde – tout comme la Russie est devenue la maîtresse de notre destin énergétique en Europe – car elle pourrait clairement décider de ce qu’elle veut bien donner ou bien plus simplement ce qu’elle ne veut pas donner. Mais ici encore heureusement, la situation est pour le moment en train de changer. Il n’empêche que le secteur des semi-conducteurs est crucial – tout comme l’est aussi le secteur énergétique – et le meilleur dans l’histoire, c’est que les cartes changent maintenant de mains, d’autant plus que la crise que nous vivons en ce moment ralentit fortement l’économie et la cerise sur le gâteau, c’est que les stocks de semi-conducteurs sont… pleins à craquer !
C’était bien ?
Bon…
Mais ce n’est pas tout, car une époque formidable c’est aussi un site Web et des centaines de réflexions qui traitent des problématiques de notre monde et c’est aussi…
Un bureau de rédaction, d’illustration et un service de sponsoring !
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