Migrations et nouvelles technologies (4/4).

Partir pour des motivations économiques…

Il semble prévisible qu’une forte partie des migrations vont s’orienter vers les pôles technologiques. Le besoin presque inépuisable de compétences et les salaires attractifs offerts par une économie dans laquelle tout est à faire va inévitablement concurrencer une économie traditionnelle dans laquelle tout à été fait.

En 2016, la population étrangère habitant à San Francisco et aux alentours représentait 37% de la population contre une moyenne pour les États-Unis de 13,3 % (1).

Le site Bloomberg publiait en novembre de la même année les chiffres de la population née en dehors des États-Unis travaillant dans deux contés de la région de la Silicon Valley, Santa Clara et San Mateo : 67,3% de celle-ci travaillait dans les domaines des mathématiques et dans le numérique » (2).

John Salt, dans un rapport de 2005 pour le Conseil de L’Europe sur les migrations internationales mentionnait que « le marché migratoire international pour les compétences est mû par deux facteurs principaux : une tentative pour augmenter le réservoir national de compétences par l’acquisition de ressources humaines de haut niveau et l’élaboration de politiques visant à résoudre le manque de compétences spécifiques. Ces deux approches ont pour objectif d’accroître la compétitivité des entreprises et des économies nationales en général » (3).

Si il nous impossible ici d’évaluer avec exactitude l’impact des migrations futures sur les pôles technologiques, nous pouvons néanmoins nous baser sur l’exemple de la Silicon Valley avec ses 11,000 entreprises et une croissance moyenne de 11 nouvelles entreprises par semaine  pour prévoir les destinations géographiques privilégiées dans le futur. Est-ce que cela va priver les autres parties du monde de la matière grise nécessaire ? Pas forcément car finalement le monde entier profite à distance de l’ingéniosité développée en Californie. Mais ce qui est certain c’est que ces régions vont s’enrichir considérablement à l’image de la Silicon Valley.

Le travail et en général la nécessité d’engendrer des moyens matériels pour survivre reste quoiqu’il arrive la raison principale qui pousse un  individu à migrer ou non. Et le monde du travail, d’un côté comme de l’autre du globe, va subir encore plus de modifications qu’il ne l’a connu ces dernières années.

Conclusion

On ne peut pas prévoir les bouleversements politiques futurs ni même les mouvements migratoires liés au réchauffement climatique car l’homme finalement possède le pouvoir d’enrayer ceux-ci (4). Mais nous avons observé trois aspects fondamentaux qui pourraient fortement influencer les mouvements migratoires à l’avenir…

D’une part un replis de l’individu sur une activité économique matérielle locale, internet fournissant la connexion sur le monde, il génère automatiquement une diminution des échanges économiques (physiques) internationaux, du moins au niveau de ce que Eric Shmidt et Jared Cohen appellent des « obstacles historiques aux échanges des hommes ».

Ensuite, avec la connexion des individus à internet, les énergies renouvelables et « gratuites », l’information et la mise à disposition gratuite de contenus éducatifs, on peut espérer une amélioration des conditions de vie dans les régions les plus pauvres et les plus reculées du monde. Donc à une réduction des flux migratoires générés par une nécessité de survie.

Enfin, la concentration d’une activité économique mondiale répartie sur quelques zones spécifiques du globe. Mais rien n’indique jusqu’ici que le besoin de voyager et de découvrir des espaces autres que ceux dans lesquels nous vivons va s’estomper. Bien au contraire tout laisse croire que le temps, l’argent et l’énergie gagnée au quotidien va pouvoir profiter à des périodes d’éloignement qui n’échapperons même plus au travail puisque celui-ci va de plus en plus pouvoir s’effectuer à partir de n’importe quel point de la planète.

  1. Lucie Ronfaut, La Silicon Valley monte en première ligne contre le décret anti-immigration de Donald Trump, in Le Figaro.fr, mis à jour 30/01/2017, URL : [http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2017/01/30/32001-20170130ARTFIG00131-la-silicon-valley-critique-le-decret-anti-immigration-de-donald-trump.php], (consulté le 29/12/2017).
  2. Shira Ovide, Trump Win Is Silicon Valley’s Loss on Immigration, in Bloomberg.com, 06/11/2016, URL :[https://www.bloomberg.com/gadfly/articles/2016-11-09/donald-trump-victory-is-silicon-valley-s-loss-on-immigration], (consulté le 29/12/2017).
  3. John Salt, Evolution actuelle des migrations internationales en Europe, Conseil de l’Europe, janvier 2005, URL :[https://www.coe.int/t/dg3/migration/archives/documentation/Migration%20management/2004_Salt_report_fr.pdf], p.34, (consulté le 29/12/2017).
  4. Le chercheur François Gemenne considère que la crise syrienne  » trouve son origine dans une série de sécheresses qui a frappé le pays [ ] Il y a un faisceau de preuves que la sécheresse entre 2007 et 2010 qui a touché le Moyen Orient a contribué au conflit syrien [ ] Cette sécheresse, la pire jamais relevée dans la région, a causé une généralisation des mauvaises récoltes et des migrations de masses des zones rurales vers les centres urbains ». Voir à ce propos l’article de Laetitia Van Eeckhout et Stéphane Foucart, Le changement climatique, facteur de déstabilisation et de migration, cité en référence plus haut.

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