Le tourisme spatial, les conquêtes de la Lune et de Mars ont commencé. Les voitures estampillées Tesla roulent désormais sur les routes du monde entier. Les toitures solaires et les batteries des entreprises d’Elon Musk arrivent tout doucement, elles aussi un peu partout dans le monde. Starlink et son offre Internet se déploient lentement, mais très sûrement. Tesla est aussi en train de construire son prototype de ville à fort potentiel énergétique au Texas et enfin, l’autre projet du génial entrepreneur, The Boring Company va se déployer de manière commerciale à Las Vegas, dans le Nevada…
USA, la terre promise…
Après des années de difficultés, il semble que tout aille bien pour Elon Musk. Ses projets, que beaucoup croyaient utopiques lorsqu’ils en étaient au stade embryonnaire, semblent devenir des réalités, malgré l’ampleur titanesque des chantiers entamés. Aujourd’hui, les journalistes n’osent plus contredire aussi catégoriquement ses propositions pour construire un monde nouveau. Les propos à son encontre sont souvent de l’ordre “cela paraît complètement fou, mais avec lui on ne sait jamais”. Il en aura bien fallu des échecs et une succession de réussites pour en arriver à ce stade. Rappelons que si on revient à peine trois ans en arrière, des boursicoteurs et des journalistes pariaient sur une faillite imminente des entreprises de Musk. Aujourd’hui, les choses sont très différentes puisque beaucoup d’institutions américaines lui font entièrement confiance. Space X est par ailleurs la seule entreprise privée pour le moment à véhiculer des astronautes vers la station spatiale internationale (cnfr, les échecs de Boeing). Et maintenant, les autorités américaines se tournent vers une des entreprises de l’homme d’affaires pour pallier aux problèmes d’embouteillage dans les villes. La municipalité de Las Vegas (et plus précisément du comté de Clark, NV) a accepté d’octroyer les autorisations nécessaires pour déployer un réseau de 45 kilomètres de tunnels souterrains. Le but étant d’améliorer la mobilité de la ville, sujette comme la plupart des villes américaines (et du monde entier) à des problèmes de circulation. C’est bon pour la planète, c’est bon pour l’immobilier, c’est bon pour le moral des gens… Bref c’est bon pour tout le monde !
Construire des réseaux de tunnels pour désengorger les villes…
Le principe de The Boring Company est simple. Il s’agit de disposer de stations d’embarquement sur certains points stratégiques d’une ville. En gros c’est le même principe qu’un métro, mais beaucoup plus personnalisé et beaucoup moins contraignant pour l’utilisateur. Le projet initial est de fournir un ascenseur à une voiture Tesla pour profiter d’un réseau souterrain qui mènerait d’un point de la ville à un autre en permettant néanmoins au véhicule de se déplacer – toutes proportions gardées – à très grande vitesse. Les plateformes sur lesquelles seraient embarquées ces voitures pourraient atteindre plus de 200 km par heure. Du côté des critiques, on peut se douter que les mauvaises langues diront qu’il s’agit là d’une privatisation du système routier, plus performant et dédié à une seule marque automobile. Celui-ci faisant inévitablement une concurrence déloyale aux infrastructures existantes. Certainement, mais l’ouverture des stations de recharge Superchargers de Tesla, aux autres marques automobiles, n’était peut être pas si anodine que cela et Musk a peut-être voulu démontrer que son entreprise n’était pas non plus Apple. Un système fermé sur lui-même. Peut-être, cet élan de générosité à lui aussi provoqué la bonne volonté des autorités de Las Vegas, en lui donnant l’occasion d’expérimenter un prototype de ce que pourrait être le futur de la mobilité urbaine, tout d’abord aux Etats-Unis, et ensuite, pourquoi pas dans le reste du monde.
Si pour l’instant, les véhicules Tesla qui attendent leurs clients dans les sous-sols ont encore des chauffeurs, le but à long terme est de faire voyager des véhicules autonomes dans les tunnels. Nous aurions donc deux types de plateformes : l’une sur laquelle des voitures de toutes marques peuvent emprunter les réseaux souterrains de The Boring Company et l’autre qui consisterait en une flotte de taxis 100% électriques qui appartiendrait à l’entreprise. C’est une idée intéressante qui pourrait donner naissance à de nouveaux types de consommation. Par exemple, le réseau que compte développer l’entreprise est relié aux nombreux hôtels de Las Vegas. Les stations qui seront déployées à Las Vegas, seront au nombre de 51. On utiliserait donc plus une station TBC comme celle d’un métro, mais plutôt en fonction d’intérêts particuliers et non plus communautaires.
Pas de contribuable dans l’histoire…
Un autre point très particulier est que les autorités de Las Vegas n’auront pas un seul dollar à dépenser dans le développement de ce futur réseau. Ce sont effectivement les hôtels qui auront le choix ou non de débourser l’argent nécessaire s’ils veulent voir apparaître une station TBC au seuil de leur porte. Et ici encore, on peut se douter que de nombreuses voix vont s’élever contre le déploiement de ce type de réseaux privés. Au risque même de se voiler la face sur les avantages que ceux-ci pourraient apporter dans la lutte contre le changement climatique. Aussi, cette privatisation du transport urbain sera – on s’en doute – hautement critiquée dans les prochains mois ou dans les prochaines années. Mais quand cette thématique entrera dans la polémique, il sera nécessaire de rappeler aux principaux critiques que les différents acteurs de la mobilité n’auront jamais rien fait de plus pour trouver une solution aux problèmes récurrents que posent les transports publics. Les taxis auront toujours profité du trafic pour faire payer les clients un peu plus. Tandis que les administrations relatives aux différents métros, trains et bus ne se seront jamais contentés que de persévérer dans un système qui se résume tout simplement à du transport d’humains comme s’il s’agissait d’une simple marchandise.
Dans une dizaine d’années, les futures flottes de véhicules autonomes pourraient très largement utiliser les réseaux souterrains développés par l’entreprise d’Elon Musk et offrir une solide alternative aux transports en commun. Ce qui reviendrait à dire pour le client, pas de mauvaise surprise, pas d’embouteillage, un service sur mesure adapté aux clients et pas ou peu de partage de véhicule avec des personnes tierces sauf si on le désire. Bref, un autre monde par rapport à celui auquel nous avons été obligés de nous habituer. Ce nouveau type de mobilité sera peut-être celui qui nous véhiculera – dans un modèle plus nomade – d’habitations en habitations dans le cadre de notre travail ou de séjours touristiques. Avec ces nouveaux types de transport, même s’il y a beaucoup de chances pour que nous ne voyons plus les paysages défiler au travers des fenêtres, il y a beaucoup de chance pour que ceux-ci soient beaucoup, beaucoup, beaucoup plus confortables, et c’est tant mieux, quoi que l’on en dise !
