Hausse des prix… Mauvaise ou (finalement) bonne nouvelle ?

Alors que la reprise économique mondiale bat son plein, on assiste étrangement à une hausse des prix d’à peu près… tout

Matériaux de construction, immobilier, gaz, pétrole, électricité, produits venant de l’autre côté de​ la planète, rien n’y échappe. 

Faut-il voir cela comme une malédiction ou plutôt comme une bénédiction ?

Oups… Désolé, mais nous nous sommes lourdement trompés !

Nous le savons désormais, depuis que nous sommes entrés dans l’ère numérique, un monde qui survit à une crise s’en retrouve très fortement modifié. L’après 2008, a vu par exemple l’explosion du secteur de la voiture électrique, celui des banques en lignes, de la dématérialisation des biens et des services, du DIY, du Bio ou bien encore des réseaux sociaux en ligne. L’adoption en  masse de cette nouvelle manière de consommer a bien entendu eu des répercussions énormes sur l’économie plus traditionnelle, qui a dû elle aussi forcément y perdre quelques plumes au passage et s’adapter à la situation. Personne n’avait vu à l’époque dans quel sens le vent allait venir et le moins que l’on puisse dire, c’est que les conséquences qui ont suivi la crise de 2020 ont été très différentes de celles que l’on attendait. Alors que les économistes nous avaient prédit une avalanche de faillites, donc une crise de l’emploi importante (donc aussi une forte baisse de la consommation) ainsi qu’une autre crise d’ampleur sur le marché de l’immobilier, il faut quand même bien admettre que rien de tout cela ne s’est passé, bien au contraire. Le résultat est que personne n’avait prévu une pénurie généralisée qui provoque une telle hausse des prix de part le monde, même les plus brillants experts​…

Toujours est-il qu’une pénurie à toujours une fin. En ce moment, ce qui cause de nombreux manques en Europe, par exemple, est dû à la cacophonie qui se déroule ​dans le trafic maritime. Pour information, les prix du fret ont été multipliés par six ces derniers mois. Les raisons de ce marasme sont multiples, mais il est clair qu’un pays hyper producteur comme la Chine – qui est resté pendant longtemps à l’arrêt – en ayant du mal à se remettre en route (dans son rôle international, insistons sur ce fait), n’a pu que provoquer une forte demande lorsque les gens se sont remis à dépenser de l’argent. Le résultat est sans précédent car les containers viennent même à manquer, les bateaux font la file d’attente devant les ports et pendant ce temps, les gens continuent de dépenser de l’argent….

Un retour aux sources peut-être programmé ?

Les machines doivent donc tourner à plein régime et une fois que la situation aura été rétablie, on pourrait supposer logiquement que les prix commencent à baisser. Deux interrogations se posent néanmoins :

Vu que les choses vont encore prendre du temps (pour un retour à la normale) avant que la situation ne se stabilise, il est possible que les gens s’adaptent à cette situation en adoptant comme en 2008 de nouveaux types de comportements. En second lieu, on peut aussi se poser des questions sur la disponibilités des ressources dont la consommation a besoin, car celles-ci ne sont pas infinies. Ces deux facteurs pourraient bien être deux éléments majeurs qui préparent le monde à ce que l’on pourrait qualifier comme une crise silencieuse, similaire à celle que nous avons eu à partir de 2010 jusqu’aux dernières années de la décennie. Les gens à l’époque ont tourné le dos aux pétroliers qui les avaient trahis et cela a donné comme résultat qu’une véritable nouvelle niche s’ouvrait aux constructeurs automobiles, surtout pour Tesla. D’un autre côté, les consommateurs ont commencé à utiliser des produits et des services numériques en masse, ce qui a fait plonger de nombreuses entreprises qui produisaient des produits biens réels. Ces dernières ont donc subi les effets secondaires d’une crise, longtemps après que le mal ait été fait, et il y a beaucoup de chance pour que cela se reproduise dans les prochaines années. La mondialisation est clairement en train de nous démontrer – en dehors de l’exploitation des populations les plus pauvres au monde et de la destruction des ressources de la planète – qu’elle peut aussi avoir un nouveau type d’effet pervers. Tout d’abord, il y a le chantage que certains pays peuvent exercer par rapport à l’approvisionnement de marchandises, mais il y aussi la possibilité que ces pays producteurs puissent être déstabilisés. Ce qui peut aussi devenir un danger pour notre propre stabilité. C’est ce qui se passe d’ailleurs aujourd’hui avec la Russie, d’une part, qui menace ses voisins par rapport à l’approvisionnement de gaz, ainsi que la Chine, qui semble avoir du mal à récupérer de la crise sanitaire. 

Donc, nous sommes vulnérables et quand on est vulnérable, on fait tout pour ne plus l’être et le meilleur moyen pour cela, c’est bien entendu l’autonomie…

Oui mais comment ?

Un phénomène récurrent auquel nous allons assister dans le court terme, c’est bien entendu de voir revenir une partie de la production des biens et des services sur nos territoires respectifs. On le voit d’ailleurs avec des entreprises comme Samsung, TSMC ou Intel qui construisent des nouvelles usines de semiconducteurs au Texas et en Allemagne. Cela résout inévitablement les problèmes de délais de livraison, voire même – et cela nous concerne aujourd’hui – d’approvisionnement. L’autre phénomène qui pourrait confirmer cette voie est que la Chine a des besoins exponentiels et que plus le temps passe, plus elle va produire pour ses propres besoins plutôt que pour ceux des autres (et attention à nos propres ressources). Là où le bas blesse, c’est que dans les pays occidentaux, le prix de la main d’œuvre est cher. Donc, dans ce cas, le problème d’accès financier ne sera qu’en partie résolu. Il va donc y avoir, soit une forte tendance à l’automatisation, soit à la destruction du produit lui-même. Peut être – voir même certainement – un cocktail qui mélange les deux. 

Nous allons donc être probablement confrontés de la même manière qu’il y a dix ans, à une accélération du couple automatisation et dématérialisation. Rappelons-nous que partout où quelque chose coûte de l’argent​, quelqu’un dans le monde travaille pour détruire ce système et plus le produit (ou le service) est cher plus l’énergie dépensée à cette fin est forte. Ce, tout simplement parce que le marché potentiel qui pourrait se former est énorme. 

Pour savoir dans quels secteurs les choses vont évoluer, il faut donc aller là où le coût de ces choses deviennent insupportables pour le consommateur et ce n’est pas les exemples qui manquent. L’immobilier, l’électricité et tout ce qui lui est lié (tant en amont qu’en aval), le transport international des marchandises, le pétrole et forcément le véhicule, le chauffage, l’électroménager (de qualité, donc moins sujet à l’obsolescence programmée) et bien d’autres choses encore. Résumons donc cela à notre manière de nous loger ou à celle de bouger. Le plus complexe est de savoir si c’est dans la substitution d’un produit (ou d’un service) à un autre produit (ou d’un autre service) ou à la réduction de nos besoins à leurs plus simples​ expressions que nous pourrions faire des changements significatifs. 

Comme la vie n’est ni plus, ni moins qu’une succession d’apprentissages, nous en saurons forcément donc encore un peu plus demain…

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