C’est confirmé, les ballons chinois étaient bien des objets espions… Mais que cherche vraiment Pékin ?

Il y a vraiment un truc bizarre avec les chinois… 

Je ne peux pas m’empêcher de me demander si leur comportement est relatif à leur culture, ou s’ils nous prennent vraiment pour des imbéciles ?

Le scandale des ballons survolant des sites militaires américains – donc sites très sensibles – nous entraîne à pencher naturellement soit pour l’un ou soit pour l’autre, mais pour ma part je pencherais plutôt pour le deuxième. 

Pour rappel, la Chine, considérée plutôt comme ennem​ie des USA (les américains et les chinois sont quand même entrés dans une guerre froide, même si elle n’en porte pas encore le nom), laisse dériver un objet volant au-dessus de sites militaires et quand cet objet est abattu, le pays espion s’offusque. 

C’est plutôt étrange comme réaction, ne trouvez -vous pas ​​?

Et c’est confirmé…

“​​Le président Biden a, personnellement et sans scrupule, ordonné l’envoi d’avions de chasse et de missiles de pointe pour abattre un aérostat civil », « C’est à 100% un recours aveugle à la force, c’est à 100% une réaction excessive, c’est à 100% hystérique. C’est une grave violation de la pratique et des conventions internationales »

C’est le porte-parole chinois Wang Wenbin, en personne qui le dit. Mais c’est maintenant confirmé par les instruments de l’épave récupérée en mer, l’engin a bien collecté des données apparemment sensibles et les a envoyées directement à Pékin, en temps réel. Cette histoire a le mérite de démontrer au moins une chose : si les chinois voulaient vraiment savoir comment les américains réagiraient – si conflit il devait y avoir – et bien maintenant, ils le savent, parce que l’Oncle Sam a sorti son matériel militaire de dernière génération pour faire une démonstration de force. Et quelle démonstration !

L’espionnage, c’est fréquent et surtout pas nouveau entre les deux pays… Mais pourquoi aller aussi loin ? 

Au delà de mesurer les capacités militaires américaines, et on peut clairement imaginer celles de l’Otan aussi, il semble que nous avons deux points distincts – plausibles – sur lesquels on peut s’appuyer : 

Le premier, c’est bien entendu Taïwan et ensuite, il y a bien sûr la question ukrainienne…

Taïwan, la bombe à retardement…

Taïwan, c’est le sujet qui fâch​e, car la Chine lorgne furieusement sur l’île depuis un plus de 80 ans. Taïwan, c’est aussi et surtout, approximativement 60% de la production des semi-conducteurs dans le monde. Autant dire que si elle tombait dans les mains des chinois, et que ces derniers décidaient de couper – en cas de tensions, par exemple – les robinets, ce serait… une véritable catastrophe. Certaines estimations évoquent que les deux tiers des usines dans le monde se retrouveraient, dans ce cas, au chômag​e technique. ​La bonne nouvelle, c’est que les occidentaux investissent en masse pour développer un réseau gigantesque, qui viserait à nous rendre beaucoup plus autonome dans la fabrication des semi-conducteurs (voir même totalement indépendants)​. Malheureusement, il y a toujours un revers à la médaille, voire même parfois deux…

Le premier consiste dans le fait que pour mettre ces nouveaux sites de production sur pied, cela prend du temps. Au mieux trois ans, et au pire, malheureusement, bien plus. Le second, c’est que Xi Jinping a clairement décidé de remettre le vieux rêve de Mao au goût du jour, à savoir, faire revenir sous l’aile de Pékin ce petit avorton ingrat et rebelle.

C’est sur ce point que l’étrange histoire du ballon est inquiétante…

Toute invasion de la Chine envers Taiwan provoquerait la colère des américains et par extension des occidentaux. On peut s’en douter, les sanctions ne tarderaient pas à tomber sur le mastodonte asiatique. 

Et c’est ici que la question ukrainienne entre en jeu…

Nous ne sommes pas en bonne position et ce n’est pas tout…

Le comportement de la Chine sur la question ukrainienne interpelle sur deux points : 

Tout d’abord, quelles sont les intentions de cette dernière envers le régime de Vladimir Poutine (au stade ou nous en sommes, nous ne parlons plus des russes). On sait que les dirigeants des deux pays viennent de se rencontrer. On sait aussi que la Chine a besoin de la Russie pour s’approvisionner en pétrole, en gaz et en bois (les chinois en manquent cruellement). Trois choses (entre autres) qui font que l’un et l’autre n’ont aucune raison de se taper dessus. On sait enfin que la Russie arrive à ses limites en termes de ressources militaires et cela concerne aussi le potentiel humain. Les deux, puisqu’ils entretiennent, auprès de leur population respective la haine anti-occidentale, démontrent qu’il n’y a donc aucune raison qu’ils ne s’allient pas militairement. L’entrevue entre les deux dirigeants, à la fin du mois de mars, a révélé entre autres choses par ailleurs, une promesse de manœuvres militaires communes. Ce qui n’est pas vraiment bon signe.

D’un autre côté, il faut admettre que la guerre en Ukraine est en ce moment une excellente piste d’observation pour une Chine mise sous sanctions occidentales en cas d’invasion de Taïwan. Voir mieux (ou plutôt pire), les occidentaux dépensent des milliards de dollars pour soutenir l’Ukraine militairement. Ce qui veut dire aussi qu’ils s’épuisent, lentement, oui peut-être, mais sûrement.

La Chine joue donc son jeu sur plusieurs plans… Tout d’abord, elle observe et se prépare. Ensuite elle épuise militairement et forcément financièrement, ses ennemis potentiels (encore une fois nous partons sur l’hypothèse qu’elle pourrait (éventuellement) envahir Taïwan).

Mais il y a encore plus inquiétant et c’est chez Huawei, Tik Tok, Xiaomi, voire même chez des opérateurs portuaires de plus en plus nombreux – notamment dans le nord de l’Europe – que l’on pourrait voir des acteurs de premier plan nous paralyser à l’endroit même où nous vivons. Et c’est même​ sans compter sur le boulevard offert à la Chine, par l’Union Européenne sur l’interdiction des voitures à moteurs thermiques à partir de 2035. ​Autrement dit, la collecte des données n’est jamais qu’un jeu d’enfant, pour la Chine, tout comme le fait de détourner celles-ci contre nous. Mais le pire serait​ de nous paralyser en coupant tous les accès aux produits et services chinois que nous utilisons aujourd’hui et qui sont devenus à beaucoup d’entre nous, indispensables.

C’est une chose qui n’est bien entendu pas à souhaiter, mais nous devons rester réaliste et garder à l’esprit que la Chine pourrait ne pas nous vouloir que du bien.

Que vaut véritablement la visite conjointe d’Emmanuel Macron et d’Ursula von der Leyen aujourd’hui ?

L’un veut vendre 140 Airbus, l’autre veut la garantie que la Chine n’appuiera pas militairement la Russie. Bref des pratiques qui semblent complètement désuètes aujourd’hui et qui rappellent très clairement la naïveté de Chamberlin quand il rend visite à l’Allemagne juste avant que celle-ci n’envahisse l’Europe.

Rien n’est gagné, mais espérons que tous ces dirigeants feront preuve de bons sens. Après tout, ce ne serait pas la première fois dans l’histoire….

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