L’histoire commence !

Nous avons commencé, dans le premier chapitre de ce livre, par décrire la préhistoire de cette nouvelle ère dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Nous savons maintenant pourquoi nous en sommes arrivés là. Il est donc temps maintenant, de passer à la très courte histoire de l’ère numérique…

Par quoi l’histoire de l‘ère numérique débute-t-elle ? 

Déconnectez votre ordinateur ou votre smartphone maintenant. Faites cette expérience et voyez ce qu’il vous reste. 

Avouez qu’il ne vous reste pas grand chose ? 

Vous possédez maintenant, tout au plus quelques documents fermés, quelques photos que vous n’allez pas pouvoir partager, si ce n’est qu’en les téléchargeant sur des clés USB, ou en les imprimant sur du papier. C’est exactement ce qui différencie l’ère industrielle de l’ère numérique. Sans la connectivité, nous ne sommes plus grand chose. Vu comme cela, on pourrait même dire que le véritable problème du passé est que nous souffrions d’une déconnexion chronique qui nous empêchait d’avancer. Le réseau social en ligne a permis de faire tomber les barrières physiques exigées par les déplacements ou par des infrastructures téléphoniques qui réduisaient fortement les distances, mais qui néanmoins limitaient les possibilités par des impératifs financiers contraignants. Observez les prix jusqu’ici exercés sur le “roaming” ou les nombreux frais qui vous sont facturés par votre fournisseur Internet. Facebook, Whatsapp, Skype et bien d’autres encore ont permis l’ouverture complète des liens entre les individus en éliminant les impératifs financiers extrêmement lourds, qui étaient imposés auparavant aux consommateurs. Facebook a même été plus loin en se ré-appropriant l’outil téléphonique dans un premier temps et la vidéoconférence dans un second temps, mettant une  fois de plus à mal les opérateurs téléphoniques, voire même l’économie dans de plus larges proportions (médias et communications, rencontre entre particuliers, marché de seconde main et bientôt peut-être le système financier qui en découle avec les zuck bucks (ex Diem, ex Libra), ou même un changement radical dans les relations sociales avec son métavers). Il a aussi contribué à donner un pouvoir d’expression important à l’individu. Si une information devait être transmise avant l’apparition des réseaux sociaux sur internet, elle devait passer par la rencontre (le bouche à oreille), le téléphone ou le média. Alors qu’une fois connectés entre eux les internautes ont eu, tous les pouvoirs (il faut bien l’avouer, souvent pour le meilleur et parfois pour le pire) de faire circuler l’information sans qu’elle puisse être contrôlée (ou du moins dans des mesures très limitées). Un réseau social tel que Facebook, a fait disparaître de nombreux comportements soumis autrefois à des contraintes physiques. Il a transformé ces contraintes en un réflexe immédiat en éliminant les intermédiaires historiques. 

La plateforme, un nouveau pas vers l’émancipation de l’individu ? Un pari qui n’est pas encore gagné…

Tripadvisor, en 2000 dans le Massachusetts, avait déjà commencé à détrôner le monde des critiques culinaires ou hôtelières et les guides touristiques. Il remettait de ce fait en question la parole de l’expert pour donner à la vox populi l’occasion de s’exprimer. Exactement ce que faisait Wikipédia à la même période, alors que le monde était dominé depuis de longs siècles par des conseils des sages en tous genres, héritiers directs de Platon ou de Socrate, souvent – comment s’en étonner dans ce cas – décalés des réalités du monde dans lequel ils étaient censés conseiller les non initiés. L’arrivée d’Airbnb (2007) qui sera suivi par celle d’Uber (2009), oriente alors le monde dans une toute nouvelle direction et inaugure une ère dans laquelle le patrimoine personnel d’un individu peut devenir un véritable business. Avant la généralisation d’Internet, vos idées étaient probablement bonnes, mais la machine qu’il fallait mettre en route pour les faire avancer demandait beaucoup d’argent et surtout beaucoup de bonnes volontés. Ce qui constituait réellement un frein important à la créativité et à l’innovation.  Dans la première phase de son existence publique – insistons sur ce terme – Internet n’était, jusque-là, rien de plus qu’un média qui permettait de mettre en relation l’offre et la demande. Ce que la presse faisait finalement très bien avant son apparition. Mais dans les premières années de son existence, Internet n’a fait que décupler le potentiel relationnel que la presse ne pouvait pas, faute de contraintes physiques, offrir. 

Toujours en 2007, le smartphone à son arrivée, engendre la notion toute nouvelle (même si elle existait déjà avant) d’objet intelligent (smart). L’Iphone d’Apple (et par extension le smartphone) devient alors l’instrument central à partir duquel on peut tout diriger ou presque. Il devient réveil radio, appareil photo, boussole, écran de télévision miniature, lecteur radio, poste de travail, ticket d’avion, poste de commande d’une climatisation, etc. Il remplace des dizaines d’objets et concentre des milliers de services et d’éléments dont nous avons besoin dans notre quotidien pour travailler ou tout simplement pour vivre. Il constitue la porte d’accès aux millions d’applications qui dématérialisent le monde physique d’aujourd’hui. Il est de ce fait devenu une véritable extension de l’individu ! 

Même année encore, c’est au tour de l’écrit d’être remodelé, alors que ce dernier a traversé l’histoire… Le Kindle d’Amazon réduit le coût d’achat du livre (quand les éditeurs, le fisc et les auteurs le veulent bien), puis offre une interface confortable pour la lecture (ce qui n’est pas toujours le cas avec un ordinateur ou un téléphone) et enfin donne la possibilité d’acheter un livre en quelques minutes, sans avoir à se déplacer (en offrant un choix qu’une librairie conventionnelle ne pourra jamais offrir). Mais Amazon va encore plus loin en offrant la possibilité à quiconque de publier un livre qu’il a écrit lui-même. Liberté fortement (et logiquement) débattue (voir même sauvagement critiquée) par certains, notamment Cédric Biagini dans son ouvrage L’emprise Numérique, Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies60. Pour lui, l’éditeur traditionnel offre en général la garantie d’une qualité de publication. Ce qui est le cas, c’est vrai, mais l’éditeur est aussi un filtre qui privilégie une certaine forme d’aristocratie littéraire, sans laisser véritablement de place aux nouveaux arrivants. 

Avant toute chose, l’année 2007 nous a donné six outils importants (AirBnB, Iphone, Facebook, Twitter, Watson, Kindle) qui ont permis de déconstruire des préceptes initiés dans le courant des siècles précédents et auxquels les gens n’adhèrent plus forcément. Le détournement des institutions caractérise ce même monde. Il est désormais possible à l’individu de se réapproprier un pouvoir qu’il déléguait auparavant à une alliance économico-politique qui ne satisfait plus du tout aujourd’hui ses besoins. Tout collapsologue, technoceptique, technophobe ou rationaliste qui se respecte vous racontera volontiers que ce qui ressemble à des avantages, nous est en réalité complètement néfaste, car les GAFAM sont en train de se substituer à l’autorité publique. 

A partir de là, nous avons droit à tous les fantasmes possibles… 

Une nouvelle société au coût marginal zéro (ou presque) très controversée…

Les outils technologiques que nous avons dans les mains nous mènent de plus en plus vers une société du coût marginal zéro. Il s’agit ici d’un sujet apparemment d’actualité, car Nicolas Bouzou et Luc Ferry reviennent sur ce thème cher à Jeremy Rifkin, dans leur ouvrage commun paru en 2019, Sagesse et Folie du monde qui vient… Le moins que l’on puisse dire est qu’il semble, à en lire les deux auteurs, que cette nouvelle société du coût marginal zéro – tout comme La Troisième Révolution Industrielle – ne fait pas l’unanimité (surtout en France). Pourtant, des logiciels de comptabilité aux logiciels de traitement de photo, en passant par des plateformes d’enseignement comme Moodle, le monde numérique offre de plus en plus de possibilités aux utilisateurs d’Internet, de combler leurs besoins en mettant à disposition des applications, sans cesse moins coûteuses et dans beaucoup de cas gratuites. En septembre 2021, Netflix a d’ailleurs illustré cette tendance en offrant gratuitement un accès à une partie de son catalogue aux Kenyans. 

Revenons néanmoins sur ce terme… 

Plutôt devrions nous, pour mettre tout le monde à l’aise, parler d’un autre type de monnaie d’échange ?

Fournir à l’individu tout ce dont il a besoin sans lui vider les poches (mais bien évidemment diront les mauvaises langues, de ce qu’il a de plus intime : ses propres données personnelles), semble être pourtant une formule gagnante pour l’utilisateur. L’usage provisoire par l’intermédiaire d’un abonnement, d’une location ou de concession est devenu une norme. Depuis le XIX° siècle, la préoccupation économique principale était de vendre un produit, puis un service. Le phénomène tente de s’inverser avec des entreprises qui « font littéralement cadeau de leurs produits aux consommateurs dans l’espoir de s’attacher leur fidélité [et leurs données] à long terme en leur fournissant toutes sortes de services »61. C’est d’ailleurs vers cette voie que le secteur de l’automobile se dirige. L’après 2008 a accentué ce phénomène et aujourd’hui « posséder et accumuler [sauf peut-être un Picasso] n’ont plus guère de sens dans une économie où la seule constante est le changement »62. Il suffit d’observer la généralisation des applications gratuites qui offrent simultanément une version Premium plus élaborée en échange de quelques euros (souvent une dizaine). En toute bonne logique, si un produit se dématérialise, il ne devrait plus nous coûter grand-chose, à partir du moment où nous avons accès à l’appareil qui nous permet sa dématérialisation, ainsi qu’à la connexion qui nous permet d’y accéder. Il serait intéressant par ailleurs de se demander si nous pouvons imaginer un monde dans lequel la plus grande partie de nos besoins (qui dépassent nos besoins physiologiques) ne pourrait pas être fournie sur le même modèle. Ce système a démontré, par ailleurs, très largement son efficacité dans le domaine du produit culturel. Nous l’utilisons déjà pour écouter de la musique, pour lire, pour regarder des films et des séries, ou bien encore pour jouer à des jeux vidéo. Il pourrait aussi s’étendre pourquoi pas, à toutes les applications ou aux logiciels informatiques. Vous pourriez donc avoir accès à une multitude de services numériques pour une somme forfaitaire et non plus à un accès unique pour chacun d’eux. 

Allons plus loin… 

Imaginons ainsi un système similaire, qui nous donnerait accès à un service de voiturage (avec le véhicule autonome, nous n’en somme plus très loin), à l’électricité, à une assurance maladie (largement moins coûteuse grâce à l’IA et la robotisation ou la dématérialisation des services médicaux), à la sécurité personnelle (corps humain, propriété, biens divers), aux services ménagers, aux assurances en général, à l’éducation (y compris aux formations à long terme) pour tous les membres de la famille, à l’habillement ainsi qu’à tous types de livraisons. Vous allez peut-être me dire que cela existe déjà pour le transport et l’électricité… Cela se résume en un seul mot… l’abonnement. Oui certainement mais à quel prix ?

Nous ne parlons pas ici de payer l’électricité comme nous le faisons aujourd’hui. Il s’agit bien d’y avoir accès pour un forfait dérisoire, pour une offre presque illimitée comme c’est le cas aujourd’hui avec Netflix ou Spotify. 

Résumons : Films et séries, Musique, Livres, Jeux Vidéos, Applications et logiciels divers, Voiturage, Électricité, Assurance Maladie, Couverture de sécurité personnelle, Services ménagers divers, Assurances en tous genres, Éducation, Habillement, Livraisons 24/24…. En tout, 14 domaines accessibles pour tout simplement 10 euros par mois pour chacun d’eux. Ceux-ci offrant la possibilité d’upgrader vers des versions Premium selon les besoins de chacun (plusieurs membres de la famille par exemple). Cela peut, peut-être sembler farfelu, mais pourtant de nombreux indicateurs nous démontrent que nous nous orientons lentement vers ce type d’économie : échange, récupération, réutilisation, recyclage, impression 3D, dématérialisation, robotisation, drones et surtout, surtout et encore surtout le déploiement considérable de l’Intelligence Artificielle. Tous ces éléments font en permanence chuter les prix et les uns additionnés aux autres offrent des combinaisons et des possibilités toujours un peu plus abordables à chacun de nous. Du moins quand les institutions publiques et privées le permettent. Rappelons à ce propos, en guise d’exemple, les attaques multiples contre Uber…

Pour les films et les séries, la musique, les livres et les jeux vidéos, il semble qu’il n’est plus nécessaire de faire la démonstration de l’efficacité du système. Il n’est pas trop difficile de concevoir que ce dernier puisse se mettre en place pour les applications et les logiciels informatiques puisqu’ils sont, eux-aussi, des produits culturels dérivés. Les fameux Stores de Google et d’Apple, ne sont probablement qu’un embryon de ce que sera l’E-commerce de demain. Il en va de même pour l’accès à un service de voiturage sans chauffeur et pour un service de livraison à domicile 24/24. Des services aux populations pour lesquels les constructeurs automobiles et des entreprises comme Uber, Apple, Amazon, et Google (et c’est sans compter sur les entreprises coréennes et chinoises) s’activent au pas de charge. Ajoutons à cela les services ménagers, toujours plus abordables car toujours plus technologiques et liés au savoir faire des robots.

En ce qui concerne l’électricité, la gestion intelligente des réseaux de distribution (quand les opérateurs sont de bonne foi et de bonne volonté), la multiplication des moyens de production énergétiques (mais aussi ceux pour maximiser la production et minimiser la consommation), la généralisation et l’amélioration des performances des énergies renouvelables devraient non seulement entraîner une forte chute des prix de celle-ci, mais aussi faire changer de mains (et c’est là que les choses changent réellement) ceux qui la produise et qui la distribue aujourd’hui. N’en déplaise aux obsédés de la centralisation de la production énergétique, dans une perspective d’hyper production électrique venant de particuliers, et partagée sur des Smart Grids, celle-ci devrait inévitablement être accessible à tous, à des prix très largement inférieurs à ceux qui sont pratiqués aujourd’hui. La startup espagnole Wallbox a d’ailleurs développé des chargeurs intelligents qui permettent de recharger des véhicules quand l’électricité n’est pas chère et en même temps, de la réinjecter dans un bâtiment quand l’électricité est chère. Il faut savoir à ce propos qu’une batterie d’une modèle 3 chez Tesla (qui varie de 55 à 80 kWh) permet de couvrir la consommation moyenne d’un foyer pour une période allant de quatre à six jours.  Ce n’est bien entendu pas intéressant pour l’autre camp concerné, mais le plus important c’est que c’est intéressant pour le consommateur (ou pour reprendre le terme ingrat attribué par les opérateurs – l’usager). Il en va exactement de même avec Internet, notamment avec le déploiement des satellites de SpaceX, de One Web et de Blue Origin (et les autres). Les moyens technologiques existants, font aussi s’écrouler les coûts impliqués à la protection des personnes, des bâtiments et des biens personnels (notamment avec les drones de surveillance, les capteurs et les caméras toujours plus accessibles financièrement, et déployés en masse par des firmes comme… (encore une fois) Amazon, entre autres avec des systèmes comme Ring. Aussi, aujourd’hui on peut se doter d’un  équipement valable pour quelques euros seulement. Encore une fois, il ne faudra pas longtemps, collecte massive des données oblige, pour que nous ayons accès à un service complet de protection pour le prix d’un abonnement Netflix mensuel et il en va de même pour les assurances, l’éducation et même, l’habillement. Quiconque se demande si ce scénario est possible oriente probablement ses réflexions sur une mauvaise voie, car il s’agit aujourd’hui avant tout de savoir QUI aura le pouvoir de mettre ces systèmes en place. Et si vous avez encore un doute sur ce point, analysez juste l’histoire d’Apple, de Netflix, d’Amazon, de Tesla ou encore de Google. Un comble lorsque l’on pense que l’Union Européenne, dans laquelle fourmillent des centaines de milliers d’intellectuels (pour beaucoup de gauche) se demande sans succès depuis une dizaine d’années comment l’Europe pourrait se doter de ses propres GAFAM. 

Mais revenons-en à notre offre… 

En résumé, en dehors de manger, de se loger et de procréer, tous vos besoins seraient donc couverts pour environ 150 euros par mois et il est clair que ce n’est pas grand chose par rapport à ce que cela peut coûter aujourd’hui. Pour une nation aussi terre à terre que la nôtre, on peut se douter qu’une grande majorité de personnes peuvent être sceptiques sur ce point, mais néanmoins, allons encore un  peu plus loin…

Imaginons maintenant qu’un calculateur arrive à mettre en location tous – absolument tous – les espaces de vie inoccupés (donc bradés aux prix les plus bas) en temps réel, et qu’une application de mise à disposition de ces mêmes bâtiments, toujours en temps réel, voit le jour. Ajoutez encore à cela la multiplication de bâtiments imprimés en 3D (cette méthode faisant chuter drastiquement les prix de la construction et de ce fait des remboursements des crédits qui lui sont liés), les petites structures écologiques (tiny houses) qui se multiplient un peu partout, ou bien encore une potentielle augmentation de l’offre des biens immobiliers due à la désertion massive des bâtiments professionnels (suite à l’explosion du télétravail)… Tous ces éléments sont, ou du moins pourraient constituer des facteurs qui aideraient à faire baisser les prix des locations. Rappelez-vous que c’est toujours là où l’argent commence à poser un véritable problème (les fortes hausses de prix dans l’immobilier qui rendent le marché inaccessible à certaines couches de la population) que la rupture avec un système problématique se met en place. D’autant plus que la généralisation du modèle AirBnB est elle aussi possible, voire même probable. Les résultats de l’entreprise, pour le premier semestre 2021 étaient à ce propos évocateurs, avec une très forte augmentation du nombre de nuitées vendues, mais aussi un allongement conséquent des périodes de location qui dépassent les 20 jours. En traduction, les gens qui télétravaillent bougent beaucoup plus. Nous pouvons en effet aujourd’hui, à partir de n’importe quel écran intelligent, accéder à nos comptes pour n’importe quel service sur Internet, voire même à tous les services (probables) dont nous venons de parler ci-dessus. L’écran de TV est sur ce point un outil intéressant et nous devrions nous pencher en Europe – avant que d’autres ne le fassent – sur les possibilités qu’il pourrait permettre dans ce type de contexte, notamment en termes de travail à domicile ou de travail éloigné. Je vous laisse le soin d’imaginer la suite…

Je vais maintenant abonder dans le sens des opposants à cette théorie de la nouvelle société du coût marginal zéro… 

Ses théoriciens (dont Rifkin) pourraient être plus précis car nous devrions plutôt évoquer un coût financier marginal zéro. Nous le savons, les services de Google et de Facebook ne sont en rien gratuits, car ils nous demandent nos données en échange de ceux-ci. Pour le dire franchement, nous travaillons donc plutôt avec une monnaie d’échange totalement différente de celles très limitées, que les Etats jettent d’habitude en pâture aux populations. Et celle-ci est abondante et ne sera jamais en rupture de stock, bien au contraire. Une donnée qui est « la description élémentaire d’une réalité [] dépourvue de tout raisonnement, supposition, constatation, probabilité. Étant indiscutable et indiscutée, elle sert de base à une recherche, à un examen »63. 

En chiffre ça donne ceci : leur masse (les données) double tous les deux ans, parallèlement à la puissance des microprocesseurs (loi de Moore – en réalité 18 mois). Des indicateurs tels que le nombre de vidéo regardées par minutes, de tweets partagés ou les courriels échangés seront « rapidement dérisoires, une fois que l’ensemble des objets de notre quotidien [ ] seront eux aussi connectés à nos activités par l’internet des objets »64. Cette collecte massive des données « renvoie à la concordance de trois facteurs : la collecte volumineuse en temps réel de données provenant d’une variété de sources, la réduction drastique du coût du stockage, et la sophistication de nouvelles fonctionnalités d’analyse des données tournées vers l’action et la décision, permettant d’établir des liens et des interférences »65

D’accord ou pas, on ne peut nier que le monde numérique entraîne inévitablement une chute des coûts liés aux produits et aux services dématérialisés. Spotify coûte certainement moins cher aujourd’hui qu’un budget CD dans les années 90, tout comme Netflix et YouTube coûtent moins cher qu’un abonnement au câble. De la même manière, un chauffeur Uber coûte lui aussi moins cher qu’un chauffeur de taxi traditionnel. Si ce n’est pas le cas, et nous avons vu que les efforts dans ce sens ne manquent pas, c’est que tout est fait en amont pour rendre ces services Internet moins compétitifs. Qu’en serait-il, si nous pouvions avec nos ressources personnelles, comme nos propres données par exemple, payer ces services ? Il serait notamment intéressant à ce propos de se pencher sur les Zuck Bucks, ou autres Diem(s) (anciennement Libra), ce réseau monétaire que Meta (Facebook) veut lancer sur le marché. Et il suffit simplement d’observer les réactions des parlementaires américains et européens, ainsi que les réactions virulentes de personnages publics comme le ministre de l’économie et des finances français, Bruno Le Maire – qui veut ni plus, ni moins interdire Libra (dans l’UE) – pour se rendre compte que le patron de Facebook vient de mettre le doigts sur une chasse jalousement gardée par des acteurs bien assis dans leurs fauteuils en cuir, confortables. 

C’est un fait, la vieille garde veille et elle n’est pas prête à laisser sa place aux autres…  

Sébastien Colson 

C’était bien ?

Bon…

Mais ce n’est pas tout, car une époque formidable c’est aussi un site Web et des centaines de réflexions qui traitent des problématiques de notre monde et c’est aussi…

Un bureau de rédaction, d’illustration et un service de sponsoring !

Ah oui, au fait, nous sommes aussi sur Facebook, Twitter, Instagram, YouTube et nous avons aussi un groupe sur Facebook sur lequel nous pouvons discuter de toutes les problématiques qui se posent à nous, donc on vous y attend car nous avons besoin de vous !

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