Le XIX°siècle, s’il a eu cette formidable capacité de transférer certains portefeuilles vers d’autres portefeuilles – entendez par là, de faire basculer une puissante manne financière dans d’autres mains – n’a cependant pas vraiment changé les choses sur le fond. En bref, les empires financiers sont devenus pétroliers, énergétiques, communicatifs, et se sont diversifiés dans les transports en tous genres, ou bien encore sont devenus immobiliers. Force est de constater néanmoins, que l’argent n’a fait que de passer des mains d’une industrie naissante et de l’agriculture, à d’autres types d’industries. En bref le monde n’a pas forcément changé, la forme tout au plus s’est modifiée mais pour le reste…
Des habitudes qui ne datent pas d’hier…
Nous n’avons pas assez de place ici pour refaire l’histoire, mais vous n’êtes probablement pas sans savoir que les grands voyages remontent à la fin du moyen âge. Cette période fabuleuse où la féodalité, les famines et les épidémies laissaient leurs places à la culture, à l’écriture industrielle, à la pensée et à l’humanisme. Ce fut le temps de la Renaissance…
Pour la première fois depuis plus de mille ans, la science, les arts (qui n’étaient pas si éloignés l’un de l’autre) et la connaissance prenaient le dessus sur la guerre et la barbarie, dans la pensée humaine du moins. Cela ne veut pas dire que les dominants ont définitivement jeté l’éponge – nous en avons encore des preuves concrètes aujourd’hui – mais cela veut dire qu’à partir de ce moment de l’histoire, les esprits ont commencé à pencher d’un certain côté vers l’autre. Depuis, le fait de faire la guerre – surtout à l’issue des deux guerres mondiales – est devenu le symbole de quelque chose qui a plus de lien avec le mal, qu’avec le bien. C’est une très bonne chose, mais opérons encore un petit retour en arrière, au XIX°siècle, précisément avec cette manie qu’avaient la bourgeoisie et l’aristocratie d’entamer un long voyage pour se former au monde.
Cela concernait les jeunes bien entendu, mais aussi les plus âgés :
Parmis tant d’autres on peut citer Tocqueville qui fait la traversée des Etats-Unis, cette jeune Amérique naissante, qui attire les migrants par dizaines de milliers, ou bien encore le peintre anglais William Turner qui parcourt l’Europe pendant l’été en faisant des croquis sommaires de ce qu’il trouvait intéressant à peindre et qui servaient de base à son travail lorsqu’il était de retour en Angleterre pendant l’hiver…
En réalité, cette presque obligation de voyager, qui veut que les voyages forment la jeunesse – qui est antérieure au XIX°siècle, car ce serait Montaigne, qui au XVI° siècle aurait lancé l’idée – ne s’est jamais estompée avec le temps…
Difficile de se faire une place et quand on y est c’est encore plus difficile…
L’apparition du tourisme, en pleine révolution industrielle, a lui aussi lancé un nouveau type d’industrie. L’augmentation du degré d’éducation, des salaires, des infrastructures touristiques, cumulées aux différents moyens de transports qui se développent à ce moment (trains, voitures et ensuite avions) vont entraîner progressivement le monde dans cette furieuse ruée vers les vacances. En 1947, l’illustrateur Norman Rockwell la traduisait déjà avec Going and Coming et nous ne sommes jamais qu’à quelques décennies de différence. Pourtant les choses n’ont clairement pas changées, si ce n’est qu’aujourd’hui le nombre de personnes qui prennent la voiture pour partir en vacances et celles qui prennent l’avion est presque à execo. En quelques années, la fièvre des vacances s’est emparée d’une grande partie du monde et elle n’a fait que de se perpétuer depuis, pour simplement devenir un enfer pour ceux qui ne peuvent pas se permettre un tourisme de luxe.
Des locations vétustes qui ne méritent pas la moitié du prix demandé, des places de parking que l’on arrive pas à trouver, des plages sur-bondées, des restaurants difficiles à atteindre et qui ont du mal à ne pas succomber au fait que moins on en fait, mieux c’est, etc. Et c’est encore sans compter sur la mobilité qui est, elle-même surchargée.
Bon nombre des établissements – quels qu’ils soient – vivant du tourisme, se frottaient les mains et ont profité très largement de la situation jusqu’au début de la décennie 2010… Et c’est là que commence la problématique AirBnB pour des institutions biens mises en place !
AirBnB, une bouffée d’air dans le paysage touristique !
En 2007, arrivent les réseaux sociaux en ligne, l’Intelligence Artificielle (avec Watson d’IBM), la dématérialisation du livre (avec le Kindle), le smartphone avec l’IPhone d’Apple et… AirBnB !
Autant dire qu’en termes de millésime technologique, nous avons eu à faire à un très grand cru, car le monde s’est transformé sérieusement à ce moment précis de l’histoire. Airbnb, un peu avant Uber, qui arrive en 2009, lance non pas ce qui va devenir une mode, mais plutôt une véritable révolution dans laquelle chacun peut mettre son patrimoine immobilier à disposition de tous, en échange forcément d’une rémunération. Uber prend alors, peu de temps après, le relais avec ce qui reste le deuxième poste de dépenses des ménages, à savoir l’automobile. Une multitude d’entreprises vont se lancer par la suite dans tous les autres postes de dépenses des ménages et entraîner le monde dans la révolution que nous sommes en ce moment en train de vivre, un peu plus de dix ans après. C’est ce que l’on a appelé l’économie du partage…
Seulement voilà, des révolutions passives comme celles qu’ont déclenché AirBnB ne sont pas pour plaire à tout le monde et les nombreuses restrictions et attaques en justice (souvent, venant des services publics) dont l’entreprise est victime le démontrent. Pourtant AirBnB a ouvert une nouvelle voie au tourisme et peu importe les différents déboires que vont lui faire subir les autorités dans les années à venir, il importe de se demander comment va s’imposer le modèle AirBnB dans le futur, car nous n’en sommes encore qu’au début d’une grande aventure…
Le premier point à observer est que l’entreprise – ou ses concurrents – pourraient devenir le modèle par excellence pour réserver un endroit ou se loger, se restaurer ou pour voyager. Ce qui laisse de vastes choix et possibilités. Nous assisterions donc à une substitution des différents services que fournissent les acteurs traditionnels du tourisme – du moins dans un premier temps – pour combler les vides en termes de réservations (c’est déjà un peu le cas aujourd’hui). En d’autres termes, AirBnB pourrait devenir un élément incontournable – voire même l’élément incontournable – en ce qui concerne tous les aspects d’un voyage et nous ne parlons pas forcément ici du tourisme, mais de voyage au sens large du terme.
L’autre point qu’il faut relever est que les voyages initiatiques du XIX° – car ils étaient initiatiques avant toutes choses – ne se sont peut-être pas complètement éteints. Au contraire, il pourrait s’agir d’un long sommeil de près d’un siècle, mais qui pourrait faire surface à nouveau dans les années à venir…
Combinez un moment les possibilités qu’offre ce besoin, presque inné, de voir le monde, le télétravail, les facilités pour voyager, l’accès Internet à peu près partout sur la planète et enfin notre cher AirBnB ?
Nous obtenons alors un délicieux cocktail qui pourrait bien faire en sorte que de grandes migrations temporaires se mettent en place. D’autant plus que l’accès au logement est de plus en plus difficile pour une bonne partie de la population (un peu partout dans le monde). AirBnB pourrait donc s’instaurer comme un nouveau modèle de vie pour beaucoup d’entre nous. Le tourisme disparaît alors pour un système hybride, comme le monde numérique sait si bien le faire…
Le tout est maintenant de connaître l’impact que ce type de nouveau mode de vie va avoir sur les dépenses immobilières et mobilières. N’oublions pas que plus nous sommes apte à mettre nos biens dans les mains d’étrangers, moins nous serons disposés à investir dans du matériel coûteux et cela pourrait très largement changer les choses sur de nombreux aspects de notre société !
C’était bien ?
Bon…
Mais ce n’est pas tout, car une époque formidable c’est aussi un site Web et des centaines de réflexions qui traitent des problématiques de notre monde et c’est aussi…
Un bureau de rédaction, d’illustration et un service de sponsoring !
Ah oui, au fait, nous sommes aussi sur Facebook, Twitter, Instagram, YouTube et nous avons aussi un groupe sur Facebook sur lequel nous pouvons discuter de toutes les problématiques qui se posent à nous, donc on vous y attend car nous avons besoin de vous !