Elon Musk, is still in (et plus que jamais)…

En dehors de l’affaire Twitter, s’il en est bien un qui marque des points cette année, c’est bien Elon Musk. Record battu (encore) pour les livraisons de Tesla et une modeste capitalisation boursière de… 140 milliards de dollars (à peu de chose près) pour SpaceX. Après une chute drastique de l’action du constructeur automobile, c’est enfin une légère remontée qui s’annonce pour 2023. 

Soixante… 

C’est le nombre de vols que SpaceX a lancé en 2022. Soit le double de ceux lancés en 2021 (31 lancements). C’est une performance unique lorsque l’on sait que son concurrent ArianeSpace n’en a lancé que 5 (dont un s’est soldé par un échec). Ce n’est pas si mal quand on sait qu’il y a, à peine dix ans d’ici, Musk se faisait littéralement insulter par ses confrères européens. Pour le dire autrement, les grands spécialistes de l’ESA, passent aujourd’hui pour des amateurs à côté d’une petite entreprise qui a encore des allures de startup (une valorisation de 140 milliards de dollars, ce n’est pas grand chose par rapport à celles des GAFAM).

Elon Musk, comme à son habitude a brillé sur certains points cette année (moins sur d’autres néanmoins), dont trois en particuliers : 

Tout d’abord sur l’Ukraine, Musk a déchainé les passions en répondant directement à un message des autorités ukrainiennes qui lui demandaient – sans passer par les officiels américains – de leur fournir le matériel nécessaire pour assurer une connexion internet – indispensable – sur le territoire en guerre. C’est ici qu’intervient la constellation de satellites Starlink. La réponse ne s’est pas fait attendre et Musk a directement répondu sur Twitter que “le matériel était en route”. Ce geste aurait pu donner une carte de plus à Musk si ce n’était qu’au mois d’octobre, il publie un tweet demandant aux ukrainiens de baisser les armes et d’accepter l’adhésion de quatre de leurs territoires par la Russie. Son enthousiasme idéaliste a néanmoins vite été rattrapé par la réalité des faits…

D’une part Musk a dans un premier temps craint pour sa vie et annoncé publiquement qu’il essayerait de rester le plus longtemps possible, vivant. D’autre part, le coût de son intervention en Ukraine est très lourd pour ce qui est encore loin d’être un empire économique, aux multiples réserves. Au risque de se répéter, SpaceX est en effet, à l’heure actuelle une petite entreprise avec des liquidités restreintes, et ce malgré le soutien de la NASA. Son intervention en Ukraine atteindrait les quelque 100 millions de dollars pour 2022 et les estimations sont de 120 millions de dollars pour le courant de l’année 2023 (il ne faut cependant pas mettre de côté les subsides attribués par les différents Etats concernés par le conflit). Ce qui veut dire aussi que Musk et SpaceX ont des impératifs financiers à respecter. Conclusion, c’est maintenant au département de la défense américain d’assumer les frais. Alors, que l’on soit d’accord ou pas avec le principe, la logique financière d’une entreprise réside néanmoins en amont de toute cette histoire. Rappelons que lorsqu’une entreprise perd de l’argent, elle ne fait pas de bénéfices et si elle ne fait pas de bénéfices, elle meurt dans d’atroces souffrances. 

Elon Musk est loin d’être un diplomate et est motivé avant tout par son master plan (le troisième du nom). A savoir ce qui peut faire avancer ses entreprises dans le but ultime de coloniser – rien que ça – la planète Mars. C’est légitime, mais cela ne l’empêche néanmoins pas de faire des erreurs de jugements comme il l’a fait en 2020-2021, lorsqu’il voulait impérativement que tout le monde revienne au travail (ce qu’il a réitéré aussi en 2022, en mettant ses employés au pas : “Soit vous revenez au travail, soit vous démissionnez !”), alors que le confinement imposait à la moitié de la population mondiale de rester à la maison. Aujourd’hui, il s’impose comme apprenti diplomate en faisant des visioconférences avec Vladimir Poutine et en essayant de plaider pour la paix, et ce en demandant à l’Ukraine de baisser les armes. 

Inutile de se demander ce qui se passe dans la tête d’Elon Musk…

Il n’est pas l’ami de Poutine, ni de quelconque homme politique. Il suit une ligne droite et chaque fois que le monde bascule, ses entreprises sont (et surtout les délais qu’il s’est fixés) mises en péril. 

Plusieurs choses sont toutefois intéressantes ici : 

La toute première est que les autorités ukrainiennes se sont directement adressées à Musk pour avoir de l’aide. Cette demande est allée au-delà du protocole diplomatique. Musk passe donc au-dessus du pouvoir politique contre (ou malgré) sa volonté. Ce qui démontre aussi, dans l’urgence, le pouvoir d’un nouveau type de dirigeants d’entreprises. Ensuite, il s’engage dans une voie politique dont il ne mesure pas vraiment l’ampleur. D’une part, il se met les autorités russes sur le dos (mais cela, il en a l’habitude) en envoyant du matériel permettant de renforcer les forces ukrainiennes. D’autre part, comme nous venons de le voir, il abonde dans le sens de la Russie qui vient d’annexer des territoires ukrainiens, totalement illégalement, au regard du droit international. 

L’utopie libertarienne deviendrait t’elle une réalité ?

Que penser de tout celà ?

Pas vraiment grand chose si ce n’est que Musk reste, en 2022, ni plus ni moins la personnalité la plus remarquée au monde. Ses entreprises se sont mieux portées que jamais. Tesla a atteint une capitalisation boursière qui a dépassé les 1000 milliards de dollars (à relativiser avec les cours de la bourse). Ce qui n’est pas si mal, d’autant plus que son entreprise valait plus que la plupart des acteurs – pourtant historiques – du secteur rassemblés. Les carnets de commandes sont pleins, les véhicules évoluent à grands pas et Tesla figure sur la liste des rares constructeurs automobiles à ne pas avoir souffert de la pénurie de semi-conducteurs. Une pénurie qui a pourtant paralysé toute la profession. La constellation Starlink ne cesse de grandir avec plus de 3000 satellites en orbite et plus d’un million d’utilisateurs. SpaceX a atteint, nous l’avons dit plus haut, un record de lancement et de ticket de transport vers l’ISS, avec de nombreux nouveaux contrats à la clé, puisque Boeing semble manifestement battre de l’aile et n’est pas encore en mesure de relever le défi qu’il s’était pourtant lancé (à relativiser néanmoins puisque enfin la première mission du SLS et du vaisseau Orion s’est déroulée avec succès). Bref, chapeau l’artiste, même s’il t’arrive d’oublier que les ukrainiens payent très cher l’invasion Russe et que la grande majorité des européens payent de plein fouet les effets secondaires de la folie de Poutine…

Toujours est-il que les short sellers (pour rappel, les petites magouilles que ceux-ci avaient entamées pour faire chuter Tesla, les ont entrainé dans un gouffre qui leur a fait perdre des sommes importantes) sont maintenant à genoux et que Elon Musk est quant à lui sur un pied d’estale sur lequel peu d’individus ont pu être avant lui. 

Après tout cela, il reste néanmoins la question de savoir ce qu’il va faire avec Twitter ?

L’arme fatale : Twitter…

Twitter est le nain des réseaux sociaux en ligne, mais pourtant c’est l’outil privilégié des grands de ce monde. Du moins ça l’était avant l’arrivée de Musk comme PDG de l’entreprise. Lorsque je dis grand, cela concerne particulièrement une position politique ou entrepreneuriale. Et pourtant Elon Musk a voulu ajouter à la liste de ses grands projets, cette petite entreprise pour la modique somme de 44 Mds de dollars. 

Rien que ça !

Pourtant, il a fait marche arrière, pour revenir finalement sur sa décision en octobre (sous la menace d’un recours en justice par Twitter). La question est de savoir s’il va faire de l’entreprise, ce qu’il a fait avec Tesla. Pour rappel, Musk n’est pas le fondateur de Tesla. Il y a d’abord investi de l’argent, est devenu PDG de l’entreprise et en a fait l’entreprise à succès que l’on connaît aujourd’hui. Comment pourrions-nous imaginer Twitter sous la direction d’Elon Musk ? Surtout qu’il ne s’agit pas de petite monnaie. Bien au contraire, cette somme colossale investie devra bien servir à quelque chose qui participe activement au plan global de ce ce génial (selon les avis) patron. 

Retour sur les faits :

Dans le courant 2022, en mai précisément, Musk annonce la création d’une nouvelle plateforme nommée X. Cette plateforme a pour vocation de devenir une super app à l’image de WeChat. Pour ceux qui ne le savent pas encore, cette super application chinoise sert à peu prêt à tout… 

Banque, réseau social, commerce en ligne, télécoms et bien d’autres services auxquels des dizaines de millions de chinois ont recours au quotidien. Hors, la création de X correspond aussi à l’annonce de PayPal de devenir elle-même une application multi-services. Pour rappel, PayPal était le produit d’une fusion entre X.com – une banque en ligne fondée par Elon Musk – et l’entreprise concurrente de Peter Thiel, Confinity (ce même Peter Thiel qui est aussi à la base du financement de Facebook). 

Faut-il y voir un rapprochement ?

Oui certainement, car X.com a toujours une vitrine sur le web, même si le site est inactif. Comme le souligne Ashlee Vance dans sa biographie sur Musk, le site reste dans son ADN. La sortie de Musk de PayPal reste elle aussi – même si elle a été très lucrative – une sorte d’échec qui peut provoquer chez lui, une certaine rancœur

Revanche sur la vie ou sur le temps ?

Peut-être, mais toujours est-il que ce coup là, personne ne le voyait vraiment venir. Le rachat de Twitter était une solide surprise pour tout le monde et personne ne savait vraiment où Musk voulait en venir. Maintenant c’est chose faite car on sait désormais que le réseau social sera intégré directement à la super application X. Mais il s’agit désormais de savoir à quoi ressemblera cette application. Sans surprises, elle sera développée, soit au Texas, soit en Californie ou peut-être même les deux. Sans surprises, ce sont ces territoires et par extension les Etats-Unis qui pourront en profiter en premier lieu, avant que le reste du monde n’en profite à son tour. Sans surprises, se sont les écosystèmes technologiques dans lesquels les entreprises de Musk grandissent qui vont servir de pôles opérationnels pour son développement. 

Twitter possède, malgré des géants comme Facebook ou TikTok, des avantages non négligeables :

Tout d’abord l’entreprise est un acteur historique des réseaux sociaux en ligne car il est la même année que Facebook, en 2007. Petite précision à ce propos, c’est en 2007 que Facebook est sorti de son petit nid universitaire pour se répandre à toutes les couches de population, dans le monde entier. Mais c’est surtout une arme de communication pour une grande majorité de personnages publics. Par conséquent, Twitter est un excellent vecteur pour promouvoir cette super application que sera X ( à noter aussi que les ambitions sont les mêmes chez Microsoft). D’autant plus que Twitter est une entreprise forte qui a survécu à la guerre des réseaux sociaux en ligne et qui est toujours en activité aujourd’hui, même si c’est un petit réseau social qui n’a fait que peu de bénéfices depuis son lancement.

Trois questions ressortent néanmoins de cette opération :

Quels types de services pourrait englober celle-ci (X) ?

Quel est le lien entre les différentes entreprises de Musk (et son objectif global) et celle-ci ?

Est-ce que ces super App (WeChat, X, Pay Pal, Microsoft) pourraient devenir une sorte d’équivalent – en termes de diversité de services proposés  et d’usité – à ce que sont les GAFAM, pour nous, aujourd’hui ? 

Si ces applications nous garantissent la majorité des services dont nous avons besoin à moindre coût, oui, alors certainement, nous sommes face à une nouvelle révolution technologique, telle que nous l’avons été au lendemain de la crise de 2008. Cependant, ce qui a fait le succès d’entreprises comme Google ou Facebook, c’était avant tout la gratuité des services qu’ils offraient aux populations. Les entreprises d’Elon Musk – et dans un cadre plus général, son œuvre globale – obéissent néanmoins à une logique de marché similaire à celle d’Apple. Musk développe en effet des produits de luxe extrêmement performants – technologiquement – parfois révolutionnaires, mais ceux-ci ne sont en rien gratuits. Sans même parler du prix d’une Tesla ou d’un voyage vers l’ISS, le prix d’une recharge sur un Supercharger ou une connexion à internet via Starlink (et c’est sans compter le prix des batteries de stockage électrique pour les foyers ou des toitures solaires) sont loin d’être accessibles à la majorité de la population mondiale. 

Musk veut-il marcher sur les plates bandes des GAFAM ? 

Veut-il lui aussi créer une sorte d’Alphabet ou de Meta en regroupant toutes ses entreprises sous un label unique dénommé X, et créer de ce fait une nouvelle génération d’entreprises axées à la fois sur la conquête de l’espace et dans le même temps sur l’augmentation des conditions de vie humaines ? 

C’est possible, mais cela exige aussi des budgets élevés et si ces budgets élevés servent à démocratiser par la suite le coût financier de nos besoins, alors pourquoi pas ?

Les entreprises de Musk se sont déjà attaquées à la mobilité (y compris spatiale), à l’énergie, à Internet (donc aux télécoms), bref trois secteurs essentiels en ce qui concerne les besoins du citoyen lambda. Mais il est encore loin de toucher une majorité de la population comme Meta, Microsoft ou bien encore Google le font en proposant des services financièrement démocratiques, voire même gratuits. 

Toujours est-il que Musk, au risque de se répéter, n’est pas un diplomate et sa perception du monde est avant tout orientée sur ses entreprises. Entreprises qu’il considère être des outils salvateurs pour l’humanité. Musk, lorsque la moitié de la planète est confinée, veut le retour de ses effectifs au travail. Lorsque le télétravail s’installe dans les coutumes, il veut que tout le monde revienne travailler en présentiel, sinon, il offre la voie unique de la démission. Si une opposition survient à ce que Musk veut, et bien il met au point une stratégie pour ne plus être confronté au même problème dans le futur et voilà qu’arrive… Optimus !

Optimus est un robot bipède qui selon Musk, sera produit en grande série. Série plus importante encore que les voitures Tesla. Ils utiliseront par ailleurs les technologies d’autonomie développées dans les véhicules de la marque. Ils sont supposés fournir, dans un premier temps un renfort dans les usines du groupe, mais pourraient très bien, à terme remplacer la main d’œuvre interne voir même envahir nos foyers. Et ceci ne se limite pas à notre petite planète, mais aussi à la vie extra terrestre. 

Dans les grandes lignes, Musk est toujours parmi nous et nous a donné de nombreuses preuves que son Master Plan est très clairement en train de se mettre en place. Au point même de révolutionner le transport aérien qui verrait son super vaisseau Starship, traverser la planète en moins de temps qu’il faut pour le dire. 

Mais toujours est-il que nous sommes toujours divisés sur ce fameux Elon Musk, qui aujourd’hui, au grand dam des diplomates, se mêle de faire de la politique et de leur voler leur pain béni. Oui, Musk n’obéit qu’à une seule loi, celle du libertarianisme. Bien que si l’on interroge les responsables des institutions libertariennes (bien que l’on pourrait remettre en cause, philosophiquement l’existence de celles-ci) certains ne le considèrent pas du tout comme tel. Ils auraient même plutôt tendance à le considérer comme un enfant sauvage, qui n’en fait qu’à sa tête et que l’on ne peut pas apprivoiser. En gros, l’Etat, il n’en n’a rien à faire, sauf lorsque cela arrange ses affaires. Oui, on sait que les mauvaises langues vont rétorquer que quand l’administration Obama était là pour sauver Tesla de la faillite, lorsque la NASA à fait de SpaceX le fleuron technologique que l’on connaît aujourd’hui, et c’est sans compter sur toutes les largesses dont il a pu bénéficier ces vingt dernières années. Générosités fiscales notamment, venant de la Californie, du Nevada, du Texas et de bien d’autres régions du monde. Oui, Musk ne pouvait compter que sur l’Etat. En 2022, ce cher Elon a mis les pieds dans des dossiers beaucoup plus délicats que ceux de ces merveilleuses entreprises qu’il a très largement contribué à faire grandir. 

Tantôt, il prône la liberté d’expression sur Tweeter, tantôt il contredit par ses actes ce qu’il veut mettre en place. Tantôt il aide l’Ukraine et l’aide à conserver une infrastructure internet, tantôt il intervient directement auprès de Vladimir Poutine et on ne sait ce qu’il s’est dit de leurs réunions pseudo secrètes. Lorsqu’un demeuré agresse le mari de Nancy Pelosi à grands coups de marteaux ; Musk fait mine d’aller (on ne sait trop pour quelles raisons) à son secours…

Bref, il semble qu’il aille à l’encontre de ce que nous pensons tous, d’autant plus que quand il arrive au siège de Twitter – avec un lavabo, et c’est tout un symbole – pour prendre possession de l’entreprise, trois des dirigeants principaux sont automatiquement licenciés (bon, à grands coups de millions de dollars d’indemnités, ne l’oublions pas). Un nouveau coup de bluff qui n’est certainement pas de nature à le faire rentrer dans les bonnes grâces de ceux qui ne l’aimaient déjà pas. 

Nous ne pouvons cependant pas parler d’Elon Musk sans mentionner son comportement étrange des derniers jours de l’année 2022. Notamment en ce qui concerne la fermeture de comptes de journalistes sur Twitter, Musk cette année ne s’est pas fait que des amis. Dans ce dernier cas, on pourrait même l’accuser d’avoir un comportement de dictateur. D’autant plus qu’il prônait fermement la liberté d’expression sur le réseau social. Comment justifier dans ce cas son comportement et rendre crédible ses propos antérieurs ? 

Un phénomène est à ce propos remarquable et très particulier, d’autant plus qu’il contraste avec les faits : 

L’appel au sondage sur des questions cruciales…

Musk a utilisé son compte Twitter pour proposer à sa population (même si elle n’est représentative que d’un échantillon de la population mondiale) de se prononcer sur l’invasion de l’Ukraine. Ce à quoi Volodimir Zelensky a lui aussi lancé un sondage à une population hybride (entre la sienne et celle de Musk et ce sondage était clairement en faveur du président ukrainien). Puis un nouveau sondage intervient quant au rétablissement du compte de l’ancien président américain, Donald Trump. Cette fois la population intervient favorablement pour rétablir le compte de ce dernier. Expérience renouvelée avec la suspension des comptes des journalistes : vote à nouveau favorable. Mieux encore, il remet en question son rôle de CEO du réseau social en demandant à nouveau à sa population s’il devrait démissionner de son poste… réponse à nouveau positive !

Deux choses ressortent de cela :

La première est la substitution de thèmes (ou de décisions) réservés aux pouvoirs publics au profit d’un réseau social en ligne. Réseau qui s’était octroyé le luxe, en son temps, de faire taire un personnage aussi important que le président des Etats-Unis. Ce n’est pas rien ! La question ukrainienne qui ne se posait pas du tout officiellement (vu l’engagement militaire et économique de l’Occident contre la Russie) – ni du côté anglo-saxon, ni du côté européen – a néanmoins été débattue directement entre Musk et le président ukrainien. Twitter s’est ainsi substitué à l’autorité et invité de ce fait une population spontanément, désireuse de donner son opinion fermement, sur une question cruciale. Musk a de ce fait doublé les autorités en s’appropriant un vote sur une question qui – sauf preuve du contraire (menaces directes de la part du dirigeant russe par exemple) – a priori ne concerne personne d’autre que des officiels. En d’autres termes, on pourrait penser que la démocratie laisse place à la technologie, à la foule et aux hommes d’affaires les plus importants de ce monde. 

Bon… et maintenant ?

Le réseau social est-il en train de muter pour devenir non plus un espace dans lequel l’information (même fausse) ​circule, mais plutôt un espace dans lequel l’opinion publique s’affirme ? Exactement comme dans un contexte d’élection, mais de manière permanente, un peu à l’image de la Suisse (toutes proportions gardées). Tensions géopolitiques, impératifs militaires et espionnage, liberté d’expression – y compris pour les personnes les plus importantes de la planète – un manager doit-il rester à son poste ou pas ? Qu’en serait t-il si ce type de sondage devenait une véritable tendance pour le futur ? Qu’en serait-il si nous vivions une véritable révolution dans l’opinion publique, comme nous avons pu la vivre lors de l’avènement des réseaux sociaux en ligne ? Qu’en serait-il si nous pouvions nous prononcer en permanence sur toutes ces questions de société et surtout que nos voix aient enfin un réel pouvoir de changer les choses qui ne vont pas dans ce monde ? Sombrerons-nous dans l’anarchie ou atteindrons- nous enfin la véritable démocratie. Celle que l’on nous a toujours vendue depuis Condorcet, Rousseau (encore que) ou Montesquieu, mais dont nous n’avons jamais réellement bénéficié ?

Avons-nous franchi ce pas avec Twitter et avec Elon Musk à sa direction ? 

Musk est-il en ce moment en train de révolutionner notre manière d’exprimer nos opinions, de la même manière qu’il a révolutionné notre mobilité, tant dans le transport routier que dans le transport spatial ?

Quoi que l’on en pense, que l’on soit pour ou contre Elon Musk (ou son comportement), qu’on le prenne pour un fou ou non, ce qui compte avant tout est que 2022, fut l’année dans laquelle ce brillant homme d’affaire est sorti de son rôle traditionnel pour se lancer dans un genre politique en rupture avec celui que nous connaissions auparavant et cela ce n’est pas anodin. Cela n’est pas en effet sans rappeler une culture cyber libertarienne propre à la côte Ouest des Etats-Unis. Une culture qui voudrait que l’Etat soit définitivement remplacé par le pouvoir d’Internet. La culture d’un monde dans lequel rien n’est régulé, dans lequel tout le monde peut s’exprimer sans autorisation formelle. Une tendance née de la contre culture des années soixante, qui a pris son envol avec la démocratisation d’Internet dans les années 90, qui a muté certes, mais qui risque bien de s’affirmer dans les années qui viennent…

Sébastien Colson 

C’était bien ?

Bon…

Mais ce n’est pas tout, car une époque formidable c’est aussi un site Web et des centaines de réflexions qui traitent des problématiques de notre monde et c’est aussi…

Un bureau de rédaction, d’illustration et un service de sponsoring !

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