NFT, Métavers, monnaies virtuelles… Que va-t-il nous rester de matériel ?

Il est de coutume de dire que la dématérialisation n’existe pas vraiment… 

Les produits et les services dématérialisés que nous consommons doivent être traités et stockés quelque part, notamment dans de gigantesques Datas Centers, lourdement énergivores. C’est en fait un peu vrai, du moins pour l’instant. Les technologies de stockage évoluent très vite et il n’y a pas de raison pour que ces centres de traitement de données échappent eux aussi à la règle de la dématérialisation…

Dématérialisation, oui mais jusqu’où ?

Ces derniers jours on entend beaucoup parler de NFT (Non Fongible Tokens), de Métavers ou bien encore de monnaies virtuelles. Le prestigieux Sotheby’s vient d’ailleurs de se lancer dans la bagarre avec sa plateforme Sotheby’s Metaverse et va bientôt org​​aniser sa première vente d’œuvres virtuelles. Pour ceux qui ne sont pas encore au courant de ce qu’est un NFT, il s’agit d’un titre de propriété sur une œuvre virtuelle. Cela peut être, une photographie, une illustration, une vidéo voire même un tweet. La propriété du premier tweet de l’histoire, rédigé par Jack Dorsey (le fondateur de Twitter) lui-même, a par ailleurs été vendue de cette manière. Certains pourraient dire que cela n’a aucun sens d’acheter quelque chose qui finalement n’existe pas physiquement (en dehors bien entendu des services et des produits dématérialisés que nous consommons au quotidien). Ce type de raisonnement s’inscrit néanmoins typiquement dans une certaine logique relative au monde réel. En revanche les NFT relèvent d’une culture proprement numérique. Dans ce sens, il est logique que le code source d’Internet, écrit par Tim Berners Lee – le fondateur d’internet – ait été vendu en ligne à prix d’or (5,4 millions de dollars). La démarche est identique, finalement à celle d’un chrétien qui pourrait acheter une relique, ou un amateur d’Art qui pourrait acheter, pour une somme démentielle, le premier dessin de Salvador Dali. Autre point intéressant, c’est que l’objet virtuel peut parfois valoir plus cher qu’un objet matériel (logiquement puisque son exploitation potentielle n’a presque plus de limites), mais de plus ce dernier se substitue au premier. Avec pour conséquence de le rendre obsolète. Est-ce que cela veut dire qu’une œuvre d’art virtuelle va être​ plus prisée qu’une œuvre d’art matérielle dans le futur ? C’est assez difficile à dire pour l’instant, parce que nous n’en sommes qu’au début des NFT, mais on peut néanmoins supposer que ​nous arriverons à un point où les deux vont valoir autant que l’autre, en valeur émotionnelle ou financière. Les œuvres (éphémères) de l’artiste britannique Banksy ne se vendent-elles pas à prix d’or ? Nous dirons qu’il s’agit là d’un point d’équilibre à atteindre. De là, à ce que l’on bascule dans l’autre sens et que l’oeuvre virtuelle ait beaucoup plus de valeur (toujours émotionnelle et financière), il n’y a qu’un pas…

Une nouvelle révolution comportementale et intellectuelle…

Doit-on pour cela envisager la fin de l’œuvre d’Art matérielle ? Probablement pas, mais il faut néanmoins s’attendre à un changement dans l’échelle de valeur que nous accordons aux choses. On peut difficilement croire que nos murs resteront désespérément vide dans le futur, sauf si néanmoins Apple se lance dans le domaine de la décoration. Par contre ce qu’il pourrait se passer, c’est qu’une spéculation sur les NFT fasse monter les prix sur les œuvres virtuelles et de ce fait faire chuter les prix des œuvres matérielles. Ce qui rendrait ces dernières plus accessibles au commun des mortels d’une part et ferait d’autre part disparaître à tous jamais les imprimés. Pourrait t-il dans ce cas s’agir d’un phénomène de mode qui pourrait s’estomper avec le temps ? La réponse n’est pas évidente, mais notre brève histoire numérique nous démontre qu’une fois qu’une nouvelle révolution comportementale s’installe, elle change radicalement les choses pour ne jamais revenir sur le passé. Il serait par exemple impossible d’imaginer un retour général au téléphone à roulette, tant l’Iphone à bouleversé notre manière de vivre. Il semble que les NFT, commencent eux aussi à tansformer nos comportements et changer radicalement notre rapport à l’objet matériel. Si nous attachons plus de valeur à un objet qui n’existe que grâce à une suite​ de 0 et de 1, alors nous sommes en train de vivre une véritable révolution comportementale et intellectuelle. 

Avant de nous pencher sur les possibilités que pourraient permettre ces NFT dans le futur, il convient de faire un détour rapide vers le lien qu’il existe entre le Métavers et ces derniers…

Le Métavers, pour rappel, est un monde virtuel qui pour l’instant est très largement exploité dans le domaine du jeu vidéo, mais qui peu à peu pourrait prendre à terme le dessus sur Internet. Et c’est cela qui nous intéresse ici parce que le Métavers permet le déploiement massif des NFT, voire même​ des crypto-monnaies. Ces deux derniers sont par ailleurs générés par les technologies liées à la Blockchain. Le scoop, c’est que le Métavers intéresse de plus en plus d’acteurs de premiers plans comme Facebook et – pour ne citer qu’eux – le fabricant de cartes graphiques Nvidia et… BMW​.  

Vers une guerre des Métavers ?

Il semble donc que plusieurs entreprises aient pour ambition de créer leurs propres univers virtuels. En tête d’affiche, nous retrouvons Facebook​​, mais aussi des géants chinois comme Alibaba et Tencent. Rien d’étonnant à cela puisque les réseaux sociaux possèdent une aptitude toute particulière à pouvoir développer leur propre monde virtuel, puisqu’ils ont déjà conçu tous les outils pour concrétiser leurs projets. Et dans ces outils on retrouve bien entendu le contact social, les activités professionnelles, des marketplaces et des solutions de paiement bancaires. Rien d’étonnant par ailleurs que nous retrouvons dans les candidats de tête​ une entreprise comme Tencent, qui rappelons-le, possède la Super App WeChat. La question est maintenant de savoir comment nous allons faire face à une multitude d’univers virtuels, voire même parallèles…

Il y aura bien un moment ou l’autre où nous serons confrontés au problème du choix. Plus précisément, si le Métavers veut s’imposer aux populations du monde, il lui faudra une certaine forme d’universalité comme c’est le cas avec Internet. Nous ne pourrons pas forcément posséder dix casques de réalité augmentée différents et de la même façon être​ membres de dix Métavers distincts. Donc, comme c’est souvent le cas dans le monde numérique (mais ce fut le cas aussi pour l’automobile), ceux qui se lancent dans l’aventure sont souvent nombreux, mais les gagnants se comptent sur les doigts de la main au final. GAFAM d’un côté, BAT​XH de l’autre… 

L’histoire devrait donc se répéter ​et les protocoles communs devraient pouvoir nous permettre de communiquer d’un Métavers à l’autre, tout comme Android (Google) nous permet de communiquer avec une personne qui utilise IOS (Apple). 

Bon voilà pour les prévisions, mais maintenant voyons les possibilités que les NFT peuvent offrir dans les Métavers…

Les NFT sont par excellence des produits de l’imagination humaine. Donc, comme il n’y a aucune limite à celle-ci et tout est permis. Vous voulez dessiner une gamme de sabres très particuliers et les vendre dans un Métavers, c’est théoriquement possible. Vous aimez dessiner des vêtements, vous pouvez aussi – toujours théoriquement – créer votre propre ligne et la commercialiser dans un univers virtuel. Les possibilités sont nombreuses et elles laissent très largement la place à l’imagination. Surtout qu’il n’y a plus ici aucunes barrières matérielles, ni même institutionnelles. Vous n’avez – et c’est peut-être le plus important – pas besoin d’être engagé par quelqu’un. Vous n’avez pas non plus besoin d’être reconnu (sauf peut-être​ chez les institutions qui se lancent dans l’aventure). Plus besoin non plus d’un CV et d’épreuves de qualifications institutionnalisées. Vous êtes un créateur de contenus, libre, vous avez des idées et voulez en vivre, ce sera probablement possible dans un futur proche. Dans un article précédent, nous évoquions le fait qu’il serait possible dans le futur d’obtenir un emploi de croupier dans un casino virtuel. Il est temps de se pencher maintenant sur ce qu’il va être​ possible de faire dans un monde qui se dématérialise à grande vitesse et pour finir sur une touche de philosophie, la question suivante se pose :

Ne sommes-nous pas aussi en tant qu’êtres humains, ​en train de perdre notre matérialité pour revivre dans un univers virtuel sous formes d’une suite de 0 et de 1 ?

Si c’est cela le transhumanisme, ce n’est pas vraiment toxique pour l’individu. Le principal après tout, c’est de savoir ce que nous allons faire dans l’endroit dans lequel nous vivrons et quelles interactions nous pouvons avoir avec le monde. Quoi qu’il arrive, tant que nous avons la liberté du choix, nous pourrons toujours mener la vie que nous voulons…

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