Savez-vous quel est le point commun entre Amazon, Tom Cruise ou les désormais 25 nouvelles licornes françaises ?
Il n’y en a aucun !
En revanche, tous les trois sont des éléments marquants d’une époque désormais solidement mise en place…
Amazon se lance dans le commerce de vêtements…
Amazon et le textile, ce n’est pas forcément nouveau. La firme de Seattle travaille d’ailleurs depuis longtemps sur un procédé qui permettrait d’essayer des vêtements en ligne. Il semble qu’ici Amazon ait décidé de lancer des magasins bien physiques pour développer encore un peu plus cette technologie et comme on peut s’en douter sa technologie Just Walk Out, qui consiste à scanner directement vos achats et vous les faire payer avec Amazon One, son système de paiement biométrique (avec la paume de la main). De prime abord, il peut paraître que c’est un choix assez étonnant car d’une manière générale, le magasin qui a pignon sur rue a une fâcheuse tendance à fermer ses portes, mais apparemment Amazon continue d’y croire dur comme fer. Pour preuve, après avoir racheté la chaîne de supermarché (bio) américaine Wall Food, l’entreprise a lancé la chaîne Amazon Fresh (produits alimentaires), Amazon 4 Stars (produits les plus vendus en ligne), Amazon Go (supermarché sans contact) et enfin voici Amazon Style…
Ce choix n’a en fait rien de surprenant pour un géant de la distribution en ligne, car Amazon poursuit depuis longtemps ce vieux rêve de vous livrer à peu près tout ce que vous voulez en moins d’une heure, voire même dans le quart d’heure qui suit votre commande. Pour cela, il n’y a d’autres choix que de privilégier la robotique, mais surtout la proximité. Donc, l’espace de vente va clairement – du moins, c’est ce qu’Amazon voudrait – devenir un espace hybride entre l’entrepôt, le point de vente, les services de vente en ligne et bien entendu un pôle de distribution et de logistique.
Quelques mots sur le magasin en lui-même maintenant :
Sans grande surprise, le premier magasin (de 3000 mètres carrés, tout de même) qui verra le jour, sera situé dans la banlieue de Los Angeles. Comme on peut aussi s’en douter, le concept est une véritable perle technologique. Le client arrive dans un Show Room, scanne le QR code de l’article de son choix, puis se rend sur une application d’Amazon pour voir ce qui est en stock et dans quelle taille. De là, trois choix s’offrent au client : soit, il se rend dans une cabine d’essayage ultra sophistiquée (dans laquelle ses choix l’attendent) où il pourra même demander à essayer d’autres produits, soit il demande à ce que le produit arrive directement à la caisse (ou au passage sans contact), soit il le fait livrer chez lui. Bref c’est simple, c’est net et c’est très, très, très efficace…
Tom Cruise va tourner un film à bord de l’ISS et disposera de son logement particulier…
Que l’on soit d’accord ou pas avec la stratégie d’Amazon, nous n’avons d’autres choix que de constater que cette entreprise est en train de faire entrer dans le futur le secteur de la grande distribution. Pure pilier de l’avenir, au même titre que l’automobile, la grande distribution que nous connaissons aujourd’hui est en pleine évolution et tout démontre – preuve en est que les concurrents d’Amazon en font de même – que l’hybridation des systèmes de vente se met progressivement en place. Qu’en serait-il par ailleurs si vos produits artisanaux étaient les vedettes de ces show rooms ?
C’est un concept intéressant…
Vous pourriez fabriquer un article, le mettre en vente dans le magasin qui se trouve à proximité de chez vous, vous occuper de la fabrication (dans toutes les proportions requises) et de la livraison en même temps (si les distances géographiques le permettent), sans même devoir vous occuper de la vente. Franchement, c’est un luxe que beaucoup d’artisans voudraient avoir, n’en déplaise aux opposants d’Amazon. Opposants qui, on s’en doute, sont aussi ceux qui ont critiqué les premiers touristes de l’espace en 2020 et 2021 (parmi lesquels figurait aussi Jeff Bezos). Milliardaires, millionnaires ou chanceux, certes, mais il faut bien avouer qu’une autre machine est en route et celle-ci n’est ni plus ni moins que la conquête même de l’espace. Parmi ceux qui vont avoir la chance de figurer dans la longue liste des précurseurs professionnels de l’espace, se trouve l’acteur américain Tom Cruise. Nous ne nous étendons pas ici sur les complexité techniques auxquelles cette aventure va mener – on peut être à peu près certain qu’un documentaire Netflix va bientôt être disponible sur le sujet – mais plutôt sur la capacité de l’ISS à accueillir un hôtel particulier pour un super star Hollywoodienne en lui offrant la capacité de disposer de quartiers spécialements mis en place pour elle. Par pitié, laissons tomber les sempiternels, “il n’y en a que pour les riches”, mais concentrons nous avant tout sur les possibilités que cela génère et surtout sur une éventuelle aventure démocratique des voyages spatiaux. Et c’est bien de cela qu’il s’agit avec cette première expérience. Le module Axiom dans lequel l’acteur va résider est destiné à quitter l’ISS dans une dizaine d’années pour devenir complètement autonome. On peut donc se douter que cette station pourrait devenir le véritable premier studio d’une industrie cinématographique extra-terrestre. Imaginez ce que pourrait être une pièce de théâtre dans l’ISS ? Imaginez les documentaires qui pourraient être réalisés sur les futurs engins qui vont partir vers la Lune, sur les tourments que peuvent nous procurer les déchets spatiaux ou bien encore sur les météorites qui s’approchent dangereusement de la terre ? Imaginez une bande de jeunes, envoyés dans l’espace et filmés comme dans un show de téléréalité ?
Dans les deux ou trois années qui viennent, nous allons assister à une première dans l’histoire et il est possible que nos rêves et nos phantasmes s’orientent fortement vers les étoiles à un point tel que nous pourrions manquer complètement d’intérêt pour ce qui se passe chez-nous.
Et voici, les 25 licornes françaises…
Venons en maintenant aux licornes françaises… Pour rappel, une Licorne, c’est une startup indépendante qui est valorisée à plus d’un milliard de dollars avant son entrée en bourse. Aujourd’hui, la France a accouchée de 25 de ces entreprises et apparemment, il semble qu’un écosystème se met en ce moment en place et ce dernier pourrait amener d’autres entreprises à émerger. Bien, mais cela ne veut pas dire non plus que nous parlons de véritables innovations…
Ce qui semble se développer aujourd’hui en France ressemble au développement technologique new yorkais. A New York, en effet, l’innovation est faite pour booster des systèmes existants, à savoir principalement relatifs au monde de la finance. A l’inverse, dans la Silicon Valley, l’innovation est utilisée pour renverser la table et pour changer le monde. Bref vous comprendrez que les 25 licornes dont nous parlons n’ont aucunement l’ambition de bouleverser le monde, mais plutôt d’essayer d’apporter un plus dans la vie des gens et surtout des entreprises, sans vraiment – à l’exception de Deezer, qui a suivi très tôt la vague du streaming – vouloir véritablement en finir avec une économie traditionnelle, qui fait encore la pluie et le beau temps au dessus de l’hexagone. Nous devons une fois de plus nous référer à deux tendances contraignantes qui font que ces startups sont pieds et mains liés. Elles doivent faire face à des législations trop lourdes et malheureusement elles doivent aussi faire face à un problème fortement culturel. Ce dernier notamment empêche inévitablement toute volonté de changer une vocation concentrée sur l’Etat, alors qu’il serait naturel (comme aux Etats-Unis) de mettre les services publics sur le côté, pour émanciper l’individu.
Bref 25 licornes, c’est bien. C’est très bien même, mais cela ne peut pas avoir une très grande valeur si ces entreprises n’apportent rien de nouveau pour améliorer le confort de l’individu ou même plus important, la sauvegarde de la planète. En d’autres mots, si une startup met au point un système pour pomper trois fois plus de pétrole à la seconde, ce n’est pas pour cela que le monde va avancer. En revanche, si une entreprise arrive à éradiquer le pétrole et les besoins énergétiques, alors nous faisons véritablement un pas en avant.
Amazon qui lance une nouvelle chaîne de magasins (c’est en soi une modeste révolution), l’industrie cinématographique hollywoodienne qui s’installe pour de bon dans l’espace, et 25 licornes françaises qui boostent des systèmes existants…
Ce dont on peut être certain, c’est qu’Amazon met en place quelque chose de révolutionnaire. Hollywood met aussi en place une véritable révolution. Mais qu’en est-il maintenant de la France ?
