« Currents » est admis dans le cimetière de Google…

Google est devenue en peu d’années une entreprise emblématique, certes, mais force est de constater que cela fait bien longtemps que celle-ci ne nous éblouit plus avec ses innovations. En gros chez Google, il n’y a plus grand chose qui bouge et on pourrait même s’en étonner car ce n’est pas le potentiel qui manque… 

Adieu Monsieur le professeur…

Satya Nadella (Microsoft) et Sundar Pichai (Google) ont cela en commun, ils proviennent tous les deux d’Inde. Ce sont aussi des financiers et des chefs d’entreprises hors normes, mais cependant, ils sont loin d’être des modèles en termes de créativité. 

Cela fait bien longtemps, en effet​ que Microsoft et Google ne nous ont pas fait une démonstration de force comme leurs prédécesseurs nous avaient habitués à le faire. Larry Page et Sergey Brin étaient tout particulièrement exemplaires en la matière et on pourrait presque regretter qu’ils ne reviennent pas pour reprendre le contrôle des manettes d’Alphabet, la maison mère de nombreuses entreprises, comme Google, YouTube ou bien encore Waymo. 

Plusieurs facteurs peuvent cependant expliquer un certain laxisme de la part de la maison mère de Google. Le premier, logiquement est qu’il vaut mieux montrer patte blanche pour un moment lorsque l’on est submergé d’attaques provenant des pouvoirs publics du monde entier. Le second est que toute entreprise révolutionnaire, lorsqu’elle est bien établie, se doit d’asseoir sa position financière et de remplir les caisses tant qu’elle peut le faire. Enfin, le troisième argument voudrait que les grosses pointures technologiques seraient aussi en train de se préparer à une nouvelle révolution. Et ce dernier argument pourrait bien tenir la route, car nous sommes à l’aube d’une nouvelle époque dans laquelle nous allons assister à la généralisation des véhicules autonomes, de l’Internet des objets, de la conquête de l’espace et du développement des métavers​. Dans un tel contexte, on peut en effet se douter que beaucoup de choses se préparent dans les coulisses et que peu d’entres elles sont dévoilées au grand jour, tant le temps est compté et les enjeux énormes, puisqu’il s’agit avant tout de conserver sa place aux premières loges lorsque la troisième décennie arrivera…

Un signe que les temps changent…

Si vous vous souvenez encore de Google+, il est inutile de vous rappeler que l’expérience fut un échec cuisant pour l’entreprise californienne, qui a mis d’ailleurs un terme au service en 2019. Ensuite est venu Currents, un réseau de messagerie réservé aux entreprises. Le succès ne fut cependant pas non plus au rendez-vous et aujourd’hui, à peine trois ans après sa mise en service, l’application va doucement rejoindre le fameux Google Cemetery

En fait, nous avons deux indices très précis pour expliquer la cause de ces échecs :

Le premier est intimement lié à l’explosion des réseaux sociaux en ligne à la fin de la décennie 2010. Beaucoup se sont rués dans le domaine et peu nombreux sont ceux qui ont survécu. Ce fut par ailleurs la même​ chose au début du siècle avec les moteurs de recherche. Il n’empêche que les réussites pour ceux qui n’ont pas eu peur de révolutionner un modèle flambant neuf n’ont pas manqué non plus. C’est d’ailleurs le cas de Tik Tok qui bouscule très sérieusement le colosse en la matière, c’est-à-dire Meta. Google a probablement voulu se maintenir à jour mais sans vraiment intégrer dans son ADN l’essence même du réseau social. C’est probablement ce qui a fait le succès de Facebook et de Twitter. En gros, Google était diversifié dans de nombreux domaines et ne s’est pas donné les moyens de se positionner comme un acteur majeur des connexions sociales en ligne. 

Le deuxième indice – celui qui explique sa tentative de se positionner dans l’univers de la messagerie d’entreprise – est quant à lui relatif à l’explosion des plateformes de télétravail, qui ont profité de la crise sanitaire que nous vivons depuis 2020. Si Zoom et Microsoft ont réussi à s’imposer dans le domaine, il semble que Google et Facebook, bien que possédant les technologies adéquates ne s’en sont pas forcément si bien tirées que leurs concurrents. Pourtant toutes deux apportent des produits extrêmement efficaces. 

La meilleure leçon que nous devons tirer de tout cela est probablement que quand un marché s’ouvre, ce ne sont pas forcément des moyens financiers énormes qui font que l’on arrive à se tailler une place de choix. C’est peut-être avant tout aujourd’hui une histoire de vocation. Toujours est-il que Google comme Meta, tout en étant très efficaces, possèdent un environnement de travail, peu exploité pour l’un et mal exploité pour l’autre et c’est peut être là qu’il faut mettre l’accent…

Et si on refaisait la Tech ?

Pour savoir quel est le point précis où le bas blesse, il suffit de regarder les différentes interfaces avec lesquelles nous avons à faire…

Google par exemple (mais c’est aussi le cas de Facebook) possède de nombreux outils extrêmement performant​s avec sa suite Workspace. Mais si son écran d’accueil suggère un environnement chaleureux, il faut bien avouer qu’une fois au travail, l’interface n’est pas vraiment sexy. Hors tous les éléments sont là pour nous rendre performants (et pourquoi pas heureux) : 

Sites internet, documents administratifs, agenda, service cloud et bien d’autres encore. Le véritable problème, c’est que Google expérimente et change souvent de look, alors que la plupart d’entre nous sont habitués aux commodités que Microsoft ou Apple mettent à notre disposition depuis plus de trente ans. En gros, pour le dire autrement, personne – et surtout dans les entreprises (ce qui n’a rien d’étonnant) – n’a pas vraiment envie de changer les choses. L’icône sur laquelle on clique (ou que l’on touche) à eu son heure de gloire et l’interface graphique fut réellement une révolution dans les années 80. Cette dernière à même démocratisé l’accès à l’utilisation du Mac et par la suite du PC. La question est maintenant de savoir s’il ne serait pas grand temps de disrupter celle-ci et de mettre sur la table une interface qui est plus en accord avec nos besoins actuels. Une interface plus rapide, plus intuitive qui nous permet de dialoguer directement avec une IA qui retranscrit exactement tout ce que nous faisons par son intermédiaire dans de multiples applications dédiées à des tâches distinctes. 

Prenons l’exemple d’un agenda…

Le simple fait de devoir noter un rendez-vous est contraignant. Par contre si votre secrétaire  le note pour vous, c’est en quelque sorte une facilité. Votre programme quotidien se précise tous les jours et vous n’avez plus qu’à le suivre. Imaginez qu’une intelligence artificielle à laquelle vous vous adressez propose systématiquement à quelqu’un qui veut vous parler plusieurs plages horaires pour prendre un rendez-vous et l’inscrit systématiquement dans votre agenda. Imaginez que celle-ci anticipe systématiquement ce que vous ayez à préparer comme document pour cet entretien, voire même qu’elle vous réserve un restaurant, un taxi ou une chambre d’hôtel selon vos préférences ? Imaginez maintenant que vous n’auriez qu’un seul mot à prononcer pour ouvrir un document, pour payer une facture, pour entrer en communication avec quelqu’un sans même avoir quoique ce soit comme icône sur laquelle cliquer ?

Vous pourriez me dire que ces systèmes existent déjà avec les assistants numériques comme Siri ou Alexa, et c’est vrai, mais sommes-nous véritablement prêt à les utiliser comme ils nous sont proposés aujourd’hui ? N’aurions-nous pas plutôt plus de facilité à travailler avec une interface intermédiaire entre l’assistant écran total et l’assistant vocal total ? 

Une rupture radicale fonctionne lorsque rien ne va plus dans le système existant. Si ce dernier apporte encore quelque chose à l’individu, l’autre à peu de chances de s’imposer. En revanche, si le système existant comporte trop de failles, une version plus attrayante peut très vite s’imposer et prendre la place. Le plus étonnant, c’est que Google n’ait pas encore envisagé clairement d’engager une rupture stricte avec le système mis en place par Microsoft, comme ça à été le cas au début des années 2000. 

Peut-être que Sundar Pichai et ses collaborateurs nous préparent une surprise pour les mois à venir et on ne peut que l’espérer car dans le cas contraire, soit nous continuerons à nous conforter dans le système Microsoft, soit un petit nouveau arrivera sur le marché pour balayer tout le reste…

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