Cela fait maintenant quelques années que l’on parle de voiture autonome, mais nous sommes encore comme sœur Anne, nous ne voyons toujours rien venir…
En réalité, la technologie est déjà déployée dans certaines villes aux Etats-Unis et en Chine, mais à ce stade c’est plutôt à des fins expérimentales. Pas forcément pour les capacités techniques des véhicules, car les technologies sont désormais bien rodées et fiables, mais principalement pour analyser son impact sur la mobilité urbaine et les changements sociétaux qu’elle pourrait engranger.
Nous savons que le déploiement à grande échelle des véhicules autonomes va se généraliser dans le courant de la décennie, mais nous ne savons pas encore quand cette nouvelle révolution explosera. Ce que nous savons en revanche, c’est que le développement des intelligences artificielles va accélérer les choses, que nous devons nous attendre à avoir moins de véhicules dans le parc automobile mondial, que les accidents de la route vont fortement diminuer, que nous devons nous attendre aussi à de nouvelles problématiques sociétales et… que l’Union Européenne va nous pondre une législation de plus !
Tout (re)commence par Tesla…
La mobilité autonome doit être considérée comme une révolution et comme toute révolution, elle va perturber notre manière de vivre et de travailler, et cela les constructeurs automobiles actuels (et ceux qui vont naître dans le futur) l’ont bien compris. Stellantis va bientôt se passer des concessionnaires qui vendent et entretiennent les 14 marques détenues par le groupe pour vendre directement à ses clients, comme le fait par ailleurs Tesla (innovateur aussi ici dans la méthode de vente). Et bien que son patron, Carlos Tavares, fasse mine d’être opposé au véhicule électrique – condition sine qua non, nécessité de technologie de pointe oblige – il anticipe déjà très bien la forme que prendra la mobilité dans le futur.
Partons de ce constat :
Si le véhicule individuel, voire industriel, devient autonome, nous n’aurons plus besoin des chauffeurs livreurs, ni même… de voiture !
D’un côté le livreur, dans un premier temps seulement, restera nécessaire pour prendre les colis et les déposer dans les domiciles concernés, mais à terme les navettes de livraison (autonomes) les remplaceront. Quant aux chauffeurs, ils n’auront plus du tout d’utilité car les premiers gros clients des véhicules autonomes seront les compagnies de taxi et des entreprises comme Uber et Lyft. Encore que pour le premier sa division Ubereats demandera des véhicules très adaptés aux livraisons de nourriture, avec toutes les contraintes que cela impose. Le rôle de ce type d’entreprise va aussi changer car, soit elles vont devoir investir dans des flottes automobiles (elles ne possèdent pas de véhicule pour véhiculer les gens) et devenir des concurrents des compagnies de taxi, soit elles vont devoir passer par ces dernières pour fonctionner.
Toujours est-il que…
Carlos Tavares voit juste, car ce sont les compagnies de taxis qui vont prendre elles-mêmes le relais des concessionnaires pour les entretiens. Notons aussi que pour les véhicules électriques, les entretiens sont très limités par rapport à ceux qu’impliquent les moteurs thermiques. Le constructeur automobile actuel est donc progressivement en train de devenir un acteur technologique majeur. Il se peut même que ces mêmes constructeurs deviennent, eux-mêmes des loueurs de courses. L’investissement de certains – comme Stellantis – dans des compagnies de leasing est un avant goût du futur paysage automobile.
La stratégie adoptée par Tesla est légèrement différente et si on peut s’attendre à ce que certains constructeurs se lancent eux aussi dans des services VTC, il se peut que pour l’entreprise d’Elon Musk, les choses soient un peu différentes…
Cela fait longtemps maintenant que ce dernier attend le bon moment pour rendre tout le parc Tesla complètement autonome sur base d’une simple mise à jour. Pour cela la technologie déployée dans les véhicules qui sont en circulation et sont depuis longtemps des usines à données, améliorent en permanence les technologies autonomes de la marque.
Bien entendu, Musk n’a pas l’intention de claquer des doigts (ou bien si, peut-être) demain et de procéder à cette mise à jour tant attendue. Non seulement, il est dépendant de la législation (surtout dans l’UE), mais en plus il compte monétiser cette conduite autonome à raison d’un supplément de 10.000$ supplémentaires pour y avoir accès en permanence, mais il envisagerait aussi une formule d’abonnement mensuel.
Et le consommateur dans tout ça ?
Bien entendu ces deux dernières formules sont supposées faire rentrer du cash dans un premier temps, mais au fur et à mesure que le parc automobile s’automatisera, moins celles-ci seront justifiées…
Nous venons de le voir donc, deux facteurs combinés ensembles feront basculer le monde de la mobilité :
Cette fameuse mise à jour dans les Tesla et ensuite l’automatisation des flottes de taxis. Il y a fort à parier aussi que de nouveaux acteurs, plus petits, arriveront sur le marché. Des petites entreprises possédant des flottes de véhicules réduites qui pourraient par exemple utiliser l’application d’Uber pour réaliser des courses.
Ce qui coûte le plus cher dans une mission VTC, c’est le chauffeur, donc on peut penser que les prix de ces services (taxis aussi et encore ce n’est pas gagné) vont chuter drastiquement. Dans un premier temps – comme dans tout – les choses vont se mettre en place et on peut même penser que le VA soit une attraction comme une autre. Quelque chose qu’il faut tester au moins une fois. L’arrivée de nouveau acteurs, dont nous parlions plus haut et la généralisation de la conduite automatisée va faire chuter inévitablement les prix dans un premier temps et dans un second temps, générer deux autres phénomènes :
Rendre le fait de posséder un véhicule complètement obsolète et simultanément faire évoluer le télétravail.
Un autre élément est à prendre en compte et c’est la généralisation de la location qui est progressivement occupée à prendre le dessus sur l’achat…
Dans la première partie de la décennie 2010, l’économie de l’accès a commencé doucement à faire sa place. Désormais, posséder quelque chose était moins important que d’y avoir accès. L’abonnement a donc pris le dessus sur l’achat et il n’y a pas de raison que dans le contexte dont nous traitons ici, la règle change. Pour rappel, le deuxième poste financier le plus important des ménages – après l’achat immobilier, voire même la location – c’est bien la voiture. Si on ajoute à cela que le temps d’utilisation de cette même voiture, c’est 95% de sa vie sur des places de parking, nous avons suffisamment d’éléments rassemblés pour que nous n’ayons plus besoin de posséder un véhicule.
Il serait ainsi confortable d’utiliser une voiture à la demande – a des prix démocratiques – et ne plus devoir affronter les nombreux problèmes sur la route. Certaines formules d’abonnement pourraient convenir à différents profils d’utilisateurs et il se peut aussi que la créativité se développe sur le plan, tant des constructeurs (de nouveaux arrivants potentiels comme Google, Apple, LG ou Samsung pourraient arriver) que sur des plus petites entreprises désireuses de développer une expérience client exceptionnelle.
En bref, tant qu’il y a de la place pour la créativité, nous resterons en vie et notre bon vieux capitalisme aussi !
C’était bien ?
Bon…
Mais ce n’est pas tout, car une époque formidable c’est aussi un site Web et des centaines de réflexions qui traitent des problématiques de notre monde et c’est aussi…
Un bureau de rédaction, d’illustration et un service de sponsoring !
Ah oui, au fait, nous sommes aussi sur Facebook, Twitter, Instagram, YouTube et nous avons aussi un groupe sur Facebook sur lequel nous pouvons discuter de toutes les problématiques qui se posent à nous, donc on vous y attend car nous avons besoin de vous !
