Télétravail prolongé : Êtes-vous prêt​ à sacrifier une partie de votre salaire pour ne plus avoir à souffrir des transports ?

Pourriez-vous accepter de votre employeur qu’il vous rémunère (seulement) 75% de votre salaire, en acceptant que vous puissiez travailler à partir de votre domicile, et tout cela à temps plein ?

C’est la question que l’on se pose dans la Silicon Valley et notamment chez Google ces derniers temps. Vous n’êtes probablement pas sans savoir​ qu’un raz de marée humain est survenu chez Apple ces derniers mois lorsque Tim Cook (le CEO d’Apple) avait annoncé que tout le monde devait revenir au travail en présentiel ? 

Et oui, c’est clair…

Beaucoup ont découvert en 2020 ce que c’était réellement de profiter d’une vie en famille ou de pouvoir être​ tout aussi efficace en évitant de longs et épuisants trajets​ (parfois même de deux heures pour se rendre au travail). Rien d’étonnant à ce que finalement, une bonne partie des télétravailleurs tapent du pied lorsqu’il faut reprendre le sempiternel Métro-Boulot-Dodo.

De nouvelles habitudes amènent de nouvelles problématiques…

Le patron du groupe Accor, au début de l’année 2021 ne cachait d’ailleurs pas ses craintes de devoir affronter une pénurie de personnel, qu’il évaluait à plus ou moins 40% des effectifs globaux du groupe. Résultat des courses… une pénurie très claire sur un marché du travail dans lequel les différents acteurs se sont, non seulement rendu compte qu’ils étaient aussi vulnérables que des nouveaux nés, mais de plus qui ont réalisé que l’herbe était très clairement plus verte  ailleurs.

Revenons à Google qui accepte désormais la généralisation du télétravail, mais fixe les salaires en fonctions de la zone géographique dans laquelle habitent ses salariés :

La logique de Google – du moins, avant que ses dirigeants ne changent d’avis (ce qui a mon sens ne devrait pas tarder) – est que plus vous vous éloignez du siège de l’entreprise, plus votre baisse de salaire peut être significative (et surtout si vous vivez dans un endroit dans lequel il fait vraiment bon vivre).​​ Il faut savoir que pour aller travailler dans la Silicon Valley et autour de San Francisco, beaucoup d’employés des grandes entreprises technologiques sont forcés de faire deux heures de route pour se rendre au travail, car le prix de l’immobilier est très élevé et cela ne changera probablement pas avec le temps. Hors, l’erreur que fait Google en ce moment, c’est justement de ne pas saisir cette superbe occasion de faire passer son personnel en télétravail, quitte à leur demander de se rendre une seule fois par semaine au siège central, voir même à délocaliser les meetings entre les employés dans les banlieues dans lesquelles ils sont concentrés.

Une tentative risquée dans une époque dans laquelle les cerveaux se font rares…

Si Facebook et Twitter se lancent aussi dans l’aventure risquée du calcul des salaires en fonction de la zone géographique, de plus petits acteurs comme Reddit ont quant à eux décidé de jouer la  carte de la sagesse. A savoir rester sur les mêmes​ salaires où que l’on se trouve. 

Le contrat d’embauche doit-il être ​forcément une prison dans laquelle quelqu’un vous dit ce que vous devez faire en permanence ?

Je termine justement de lire un essai coécrit par Reed Hastings, le cofondateur de Netflix (La règle ? Pas de règle !). Dans ce livre, il explique comment un management libéré peut être​​ tout aussi efficace, voir même plus, qu’un management qui étrangle​ en permanence son personnel et le soumet à des contraintes dictatoriales permanentes. Néanmoins, il faut pour cela attirer vers soi une main d’œuvre d’excellence car, dans le cas contraire, le degré d’exigence espéré ne sera jamais atteint. Il me semble qu’il ne fait aucun doute que le niveau des employés chez Netflix est équivalent à celui des employés de Google. Donc, Google doit logiquement avoir confiance dans la performance de ses employés, même dans le cadre d’un travail à domicile à 100%.

Motivations inconnues, certes, mais prise de risque importante…

Les motivations de Google, de Facebook ou de Twitter semblent être claires et se résument à l’économie d’argent. Mais ce qui semble paradoxal, c’est que dans un contexte de pénurie d’employés​ d’excellence, la logique aurait été de tout faire pour choyer les membres de l’entreprise. Hors Google semble marcher sur la voie contraire au risque de perdre des effectifs très prisés par les autres entreprises qui peuplent la SV. Nous l’avons vu avec Reddit, elles sont prêtes à faire des sacrifices pour que leurs employés se sentent le mieux possible au sein de l’entreprise. 

Google est-il en train de vieillir – à peine 20 ans après sa création – au point de devenir une entreprise qui emprisonne ses employés dans un système de management digne du XX°siècle ? Si c’est le cas, il faut s’attendre à une forte baisse de créativité au sein de ce joyaux qui à fondé le XXI°siècle.

Ce qui m’échappe le plus ici, c’est que Google (et les autres) n’a pas saisi un principe élémentaire que le monde numérique à pourtant contribué à donner à un nouveau type de culture d’entreprise : plus un employé est confortable – entendons par là, moins il a d’inconfort – plus il sera performant au travail. Les transports nous épuisent au quotidien et de plus ils sont générateurs de stress. Imaginez donc, tout le potentiel que peut mettre en œuvre un employé (d’excellence) s’il met de côté quatre heures de trajet par jour, tout en éliminant l’énergie dépensée dans le stress lié à l’éloignement ?

Le débat est lancé et n’est pas prêt de se termine​r, mais une chose est certaine : si Google met en place cette nouvelle politique salariale, il y a fort à parier que Sundar Pichai ne doive revenir sur sa décision très vite. Dans le cas contraire, Google risque d’y perdre les plumes qui jusqu’ici l’ont fait voler…

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