L’empire contre attaque…

Où croyez-vous que l’économie numérique a le plus de succès ? 

Exactement là où l’économie traditionnelle n’a que pour préoccupation principale de vider les poches de ses clients. « Le tournant mondial dans la façon de procéder en affaires a déclenché une lutte épique entre la vieille garde de la deuxième révolution industrielle, bien décidée à s’accrocher aux derniers vestiges de son pouvoir en reflux, et les jeunes entrepreneurs de la troisième révolution industrielle, tout aussi déterminés à promouvoir une stratégie économique latérale et durable pour la planète. »66. La guerre déclenchée contre Uber par l’Etat français – je reprends mon exemple – le démontre à merveille. Et le vieux couple a toutes les ressources entre les mains pour mettre en avant les failles de ces jeunes entrepreneurs de la troisième révolution industrielle. Mais dans cette lutte, la France n’est pas la seule. La Californie, l’Angleterre, les Pays-Bas ou encore des villes comme Genève tentent corps et âmes de faire plier l’entreprise, en l’obligeant à salarier les chauffeurs et les livreurs, qui ont pourtant souscrit en toute indépendance à l’application. On se doute que le lobby des taxis ne doit jamais en être très loin. AirBnB est aussi dans le viseur des autorités à New York, à Paris (forcément), à Berlin ou à Barcelone67. On peut dans le même registre citer la maire de Paris, Anne Hidalgo qui s’est attaquée à Amazon, lorsque ce dernier a lancé son service de livraison de marchandises alimentaires. On peut d’ailleurs en rire (voir même très franchement s’en moquer), alors qu’un service similaire comme Fresh Direct existe à New York depuis 1999. Et cela n’empêche pas une multitude de petits commerces d’occuper les rues de la ville (c’était l’argument évoqué). Amazon qui au mois de juin 2020 s’est fait attaquer de tous les côtés par des associations en tous genres qui refusaient l’implantation de 11 nouveaux sites de distribution. Les raisons de cette contre attaque sont très claires. D’un point de vue fiscal tout d’abord, les entreprises du numérique échappent à l’impôt, car les sièges sociaux sont implantés dans des pays avantageux fiscalement (notamment l’Irlande, le Luxembourg ou les Pays-Bas en ce qui concerne l’UE), soit les applications sont pilotées à partir de la Silicon Valley ou dans d’autres pôles technologiques. Beaucoup, à l’inverse d’Amazon (pour ses centres de distribution) ou de Google (pour ses datas center) ne font pas l’objet d’une nécessité d’implantation d’infrastructures physiques délocalisées du siège central. D’autre part, elles entrent en compétition directe avec des secteurs où les réglementations publiques sont très strictes et sur lequel l’administration garde le contrôle. Enfin, et c’est surtout le phénomène le plus important, elles remettent en cause le système du salariat prôné et encadré par les pouvoirs publics. A juste titre puisque sans ce système, il n’y a pas cette sécurité sociale universelle qui est la véritable colonne vertébrale de nos sociétés en Europe. Et cela ne concerne pas seulement une Union Européenne, dans laquelle la majorité des gens sont omnibulés par un sinique CDI, mais aussi la Californie elle-même (nous vivons décidément dans un monde plein de surprises) qui en octobre 2019 voulait imposer à Uber un statut de salarié à ses chauffeurs travaillant à temps plein. Un référendum à même eu lieu, donnant raison à Uber. Malgré cela, un magistrat a jugé pendant l’été 2021, que ce référendum était inconstitutionnel. Finalement, on aurait presque peur de se prononcer sur des sujets sur lesquels nous sommes appelés à donner notre avis et cela même dans un pays où la liberté est mise en avant. Les actions ne manquent pas pour essayer de reprendre le contrôle de ces mauvais élèves de l’économie. Dernièrement dans une tentative désespérée de racler les fonds de tiroirs, la France, fâchée de voir glisser entre ses doigts le juteux magot, s’est lancée dans une taxe GAFA qui pénalise purement et simplement les meilleures entreprises du numérique, y compris les entreprises nationales (voir européennes). Et pourtant cette taxe était une erreur, au moins pour trois raisons :

Elle enfreint tout d’abord les règles du commerce européen… Admettons que mon entreprise basée fiscalement à Bruxelles, produise des produits ménagers et que mes principaux clients (la grande distribution) sont situés en France, en Espagne et en Italie. Grâce à ce réseau de distribution, mon chiffre d’affaires s’élève à plusieurs dizaines de millions d’euros… Où vais-je devoir payer mes impôts ? En Belgique bien entendu, car c’est là que le siège social de mon entreprise se trouve. Ce qui se passe avec la taxe GAFA (une taxe BATX n’aurait pas été aussi vendeuse car la Chine fait, au contraire des Etats-Unis, figure de bon élève dans les milieux intellectuels de gauche – le communisme ayant étrangement (et déplorablement) toujours une meilleure cote que le capitalisme en France et pourtant nous pourrions amplement en discuter) équivaudrait – par rapport à mon exemple – à avoir contre mon entreprise des Etats français, italien et espagnol qui pourraient me réclamer un droit de passage pour pouvoir faire des bénéfices dans leur propre pays. Beaucoup n’hésiterons pas à ce propos à rentrer dans des détails administratifs et législatifs – on peut s’en douter – on ne peut plus documentés, mais néanmoins cette réaction fiscale française manque totalement de bonne foi.

La deuxième raison pour laquelle cette taxe est une mauvaise idée est d’ordre politique. Elle n’a tout simplement pour objectif que d’augmenter les tensions d’une part et d’autres de l’atlantique. Et c’est loin d’être une bonne chose. Lors de l’annonce de cette taxe, elle a provoqué une réaction hostile de la part de l’administration américaine. Rappelons que dans les premières heures de la mise en application de celle-ci, Mike Pompeo (l’ex ministre des affaires étrangères) est monté au créneau pour essayer de la faire annuler. Il s’en est suivi forcément toute une escalade dans laquelle les sanctions américaines se sont retournées contre les exportateurs français et même une rencontre au sommet entre les présidents de l’époque, Emmanuel Macron et Donald Trump, n’a pas réussi à améliorer les choses, même si les deux dirigeants montraient patte blanche devant les caméras. La troisième raison est bien entendu celle pour laquelle l’augmentation du coût lié à cette taxe (ou à n’importe laquelle) finit tôt ou tard par se répercuter sur le client final. Le consommateur doit, une fois encore, assumer les choix des politiciens. Et la réaction d’Amazon ne s’est pas faite attendre car très vite, le coût de cette taxe a été répercutée sur les vendeurs opérant sur le territoire français. Ceux qui utilisent la plateforme du géant de la distribution à domicile (Marketplace) pour vendre leurs propres produits. Mais cet épisode nous révèle néanmoins une chose, que beaucoup devraient une fois pour toute, assimiler… Nous vivons dans un siècle différent de celui qui vient de s’endormir. Ce qui veut dire aussi que les règles ont changé et que nous ne pouvons plus nous baser sur les expériences vécues lors des siècles précédents, pour nous appuyer rationnellement sur les problèmes que nous allons devoir résoudre dans ce troisième millénaire.

Sébastien Colson 

C’était bien ?

Bon…

Mais ce n’est pas tout, car une époque formidable c’est aussi un site Web et des centaines de réflexions qui traitent des problématiques de notre monde et c’est aussi…

Un bureau de rédaction, d’illustration et un service de sponsoring !

Ah oui, au fait, nous sommes aussi sur Facebook, Twitter, Instagram, YouTube et nous avons aussi un groupe sur Facebook sur lequel nous pouvons discuter de toutes les problématiques qui se posent à nous, donc on vous y attend car nous avons besoin de vous !

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