Bienvenue dans tout, sauf dans Black Mirror…

1998, 2008, 2018… 

De la création de Google au lancement de la Falcon Heavy de SpaceX…

En 1998, Internet n’était rien de plus qu’un média sophistiqué qui se payait au compteur, c’est-à -dire très cher. La téléphonie mobile qui se payait tout aussi chère se résumait dans les grandes lignes au célèbre et très résistant Nokia 8010. Chaque ressortissant de la toute fraîche Union Européenne payait encore ses achats dans sa devise nationale. On pouvait encore fumer dans les restaurants et les endroits publics. Les sacs en plastique étaient la norme. On commençait à parler d’un recyclage des déchets qui serait bientôt obligatoire. Les éoliennes, à l’époque, n’envahissent pas encore les champs, ni les panneaux solaires les toits des maisons. En ce qui concerne l’automobile, le mythe de la voiture de sport et des grosses cylindrées faisait encore innocemment tourner les têtes. L’informatique arrivait doucement dans les mains de la plupart d’entre nous et enfin, la peur du nouveau millénaire prenait doucement la forme d’un probable et doux, Bug de l’an 2000. 1998, c’était le temps où l’on croyait encore – naïvement – à l’authenticité d’une véritable droite et d’une véritable gauche et vu les résultats des élections présidentielles françaises en 2022, tout semble nous démontrer que tout à bien changé…

1998, c’est aussi et surtout la naissance d’une entreprise… Google ! Plus qu’une simple entreprise, puisqu’aujourd’hui, elle fait partie d’un groupe restreint d’acteurs économiques les plus puissants au monde : les GAFAM. Cinq entreprises qui à elles-seules font trembler tous les acteurs de l’économie traditionnelle et de la politique.

Techniquement, l’ère numérique ne commence pas encore avec la création de Google, mais plutôt avec l’élément qui lui donne des ailes : les lignes à haut débit qui vont arriver dans nos mains peu de temps après, et c’est là que tout commence…                                                                     

Les adeptes de la fin des temps n’avaient finalement pas tout à fait tort, car elle est bel et bien arrivée certes, sans extraterrestres et sans déluges, mais bien avec… Internet. 

Dix ans passent et les mutations technologiques, aux yeux du citoyen lambda, semblent stagner. Mais ce n’est qu’une apparence car les lignes à haut débit, la finance numérique, la multiplication des plateformes et la dématérialisation du produit culturel forgent doucement les structures fondamentales du nouveau siècle, alors que nombre d’entre-nous voyons toutes ces nouveautés comme de simples améliorations de notre quotidien. Le smartphone, Facebook, le Kindle ou AirBnB, sont perçus en 2008 comme de simples innovations technologiques de luxe et non comme des révolutions. Mais quand la crise éclate, elle provoque de profonds changements de comportements dans la plupart des pays, et il est vrai que cette dernière déclenche une véritable guerre contre le consommateur.

Les résultats qu’elle entraîne sont catastrophiques car, un sixième de la population mondiale ne mange plus à sa faim. Ceux qui mangent encore perdent leur maison, leur emploi, ou encore leurs épargnes. Les autres subissent le poids des mutations économiques et payent très cher le plein de carburant pour aller au travail ou pour se chauffer. Et ces derniers, de manière logique, ne tardent pas à se tourner vers d’autres options que celles que le marché avait pour habitude de leur offrir. La dématérialisation des produits et des services, désormais possibles avec les technologies qui se développent font naître alors de nouveaux types de consommation, de nouveaux besoins et surtout génèrent des économies distribuées et participatives qui, à la grande surprise des institutions, échappent à la plupart des contraintes qu’elles ont elles-même fixées. 

Dans les années qui suivent la crise de 2008, on a pu observer une véritable explosion de l’Open Source, de la micro-agriculture, du Bio, du DIY, du financement participatif, de la vague anti-consumériste, du marché de la récupération, du marché de l’échange ou encore de celui du don. Parallèlement, le monde numérique commence à envahir très vite, de nombreux aspects de l’économie traditionnelle et engloutit une bonne partie du budget des ménages. Laissant de ce fait, nombre d’acteurs de l’économie traditionnelle sur le côté. Ces derniers, on ne peut pas s’en étonner, s’engagent donc dans une riposte qui aura lieu à plusieurs niveaux: moqueries et discriminations publiques, dédain, influence sur le politique et surtout influence – largement relayée par les médias – sur des populations prêtes à tout, pour ne pas perdre le peu qu’elles possèdent (surtout leurs emplois). Le message lancé à l’époque n’était autre que ce dernier : 

Il faut garder notre modèle économique et notre voiture à moteur thermique quoiqu’il arrive !

D’un côté, la vieille garde attachée aux mécanismes industriels et étatiques avec ses réglementations, son Etat-nation, son obsession pour la croissance, son nucléaire et surtout son pétrole. De l’autre une jeune génération prête à renverser la table avec un seul outil… Internet. Pour couronner le tout, les architectes de cette troisième révolution industrielle absorbent toute la substance de cette vieille garde avec une audace rarement exprimée auparavant, allant même jusqu’à remettre en question l’existence de l’Etat. 

Où sommes-nous dans tout cela ? 

Et bien exactement entre les deux. Tirés par les uns, qui nous martèlent que nous ne devons pas changer (parce qu’il n’ont pas du tout intérêt à ce que les choses changent) et les autres qui nous offrent tellement de confort qu’il nous est difficile de leur résister.  Mais dire pour autant que nous sommes pris entre (seulement) deux époques, serait néanmoins une approche incomplète pour analyser cette période de l’histoire toute particulière que nous vivons aujourd’hui. Nous sommes en réalité assis sur quatre chaises à la fois. Quatre époques bien distinctes qui se chevauchent les unes sur les autres et dont nous ne connaissons rien de la moitié d’entre elles : 

La première est issue des deux premières révolutions industrielles, dominées par la mobilité et la matérialisation. La seconde, comme nous venons de le voir, à l’inverse nous immobilise et dématérialise la plupart des aspects de notre vie. C’est la troisième révolution industrielle… 


Mais en ce début de décennie, de nouveaux centres de préoccupations s’orientent plutôt vers d’autres secteurs et ceux-ci génèrent, selon le fondateur du Forum économique mondial, Klaus Schwab, une quatrième révolution industrielle. Une révolution qui fera émerger les imprimantes 3D, les drones, les véhicules autonomes, les intelligences artificielles, l’internet des objets, les métavers, les crypto-monnaies (et les NFT) ainsi que de puissants robots. En résumé, la vieille garde continue de nous vendre son modèle contraignant, mais essaye de nous persuader de ses bienfaits. Parallèlement, une autre force nous attire et nous dit qu’il faut revenir sur les erreurs de l’autre camp. Et si ce n’était pas suffisamment compliqué comme cela, un troisième pouvoir montre le bout du nez et nous dit que de toute façon il va balayer la plupart des instances des deux premiers. C’est pour beaucoup, une situation insupportable, d’autant plus qu’une fois que l’intérêt pour cette troisième force s’atténuera, les préoccupations s’orienteront inévitablement vers une autre révolution industrielle. Et cette dernière risque d’être très différente des précédentes, car l’humain aura probablement réussi à s’émanciper de toutes les lois terrestres auxquelles il a été confronté depuis son apparition sur la terre.  

Les trois premières révolutions industrielles ne changent pas l’humain, elles l’augmentent tout au plus. La technique et ensuite la technologie sont utilisées pour supporter l’homme dans ses propres tâches. La quatrième vise à déléguer la gestion des machines à l’Intelligence Artificielle (IA). La cinquième visera probablement à modifier l’humain neurologiquement et corporellement. L’homme devient en quelque sorte la machine en fusionnant avec elle. Cette cinquième révolution industrielle sera celle de l’homme augmenté et des intelligences artificielles ayant conscience d’elles-mêmes (IA fortes). Ce sera probablement aussi une ère dans laquelle les réalités virtuelles et augmentées seront extrêmement pointues et poussées. Ce sera aussi une époque ou nous aurons le choix de vivre avec un être artificiel ou un être humain qui ne sera peut-être plus si humain que cela.  Ce sera enfin l’ère de la conquête de l’espace. Une conquête de l’espace qui en 2018 prend un tournant majeur avec le lancement de la Falcon Heavy de SpaceX, qui va propulser vers la planète Mars, un mannequin truffé de capteurs à bord d’un roadster fabriqué par Tesla. Nous assisterons donc à une nouvelle ère pour le genre humain et pourquoi pas pour le genre animal, voire même végétal… 

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que dans ce contexte, nombre d’entre-nous se sentent perdus !

Comment allons-nous faire pour nous épanouir dans ce(s) nouveau(x) monde(s) dont nous ne connaissons encore rien ? 

C’est une question importante, et si nous n’y trouvons pas de réponse maintenant, nous devons nous apprêter à vivre la plus grande crise économique et sociale de toute l’histoire. Trouver une réponse à cette problématique est le défi même de cet ouvrage. Si nous faisons le choix de nous raccrocher à une économie moribonde, vieille de 150 ans  et à des institutions créées il y a plus de 200 ans, il est clair que nous n’irons pas vraiment loin. Certaines régions dans le monde excellent en matière de technologie et d’autres n’arrivent pas à prendre le train en marche. C’est malheureusement le cas d’une Union Européenne pour laquelle la centralisation des activités humaines sur l’État-providence est récurrente. Ce qui constitue naturellement dans ce monde nouveau, un handicap de premier plan, d’autant plus que les États membres n’ont d’autres choix que de freiner la machine technologique, s’ils veulent continuer à faire fonctionner ce qu’ils ont mis en place dans le passé. Ce, quitte à devoir prendre le risque de se retrouver dans un dangereux décalage avec les autres régions du monde.  

Une époque formidable… 

C’est un titre audacieux que beaucoup ne manqueront pas, à juste titre, de me reprocher. Il est vrai que si l’on prend en compte l’état de la planète dans sa dimension écologique, les injustices ou les disparités sociales et économiques ou l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le bilan peut paraître sombre. C’est un fait Donald Trump et Vladimir Poutine ne sont pas, et nous pouvons le regretter Bill Clinton et Boris Yeltsin. Nous l’avons d’ailleurs vu à plusieurs reprises. Beaucoup d’entre nous ont le sentiment que rien ne va aujourd’hui et pour cause, nous avalons au quotidien des centaines d’informations et la plupart de celles-ci nous montrent un monde qui part en vrille. 

Je vous propose donc ici, une autre grille de lecture que celle à laquelle nous sommes habitués. Prenez tout d’abord les choses une par une et isolez les problèmes les uns des autres. Vous pourrez vous apercevoir qu’ils ne sont pas si nombreux qu’il n’y paraît et que bien souvent, nous créons des débats qui n’ont pas lieu d’être ! 

Ce qui rend avant tout l’époque dans laquelle nous vivons… formidable, c’est que nous avons, du moins nombre d’entre nous, connaissance des failles de notre civilisation et des conséquences qu’elles entraînent. Aujourd’hui nous possédons dans nos mains des outils extrêmement puissants qui peuvent nous aider à réinventer nos vies. Mieux encore que des outils, nous avons accès à l’information et à la connaissance gratuite (nous reviendrons sur ce terme) pour autant que nous ayons accès à Internet. Vous et moi, incarnons maintenant la “Multitude” et cette même “Multitude” peut aujourd’hui tout faire. Ébranler, voir même faire basculer des gouvernements, participer à des projets scientifiques ou encyclopédiques, inventer de nouvelles cultures, créer là où rien n’existe encore, propager nos idées et notre savoir, ou encore parmi tant d’autres choses, mettre à mal des empires économiques peu scrupuleux. Vous et moi incarnons une quatrième force qui s’érige aux côtés de l’État, de l’Industrie et des grosses entreprises technologiques. Croyez-moi, c’est une force que jamais l’humain n’a eu auparavant, parce que personne ne lui en donnait (volontairement) la possibilité. Aujourd’hui, nous sommes plus que jamais en face de questionnements de la plus grande importance :

“Assisterons-nous au progrès de la collaboration pour le plus grand bien de la société, ou au contraire à une fragmentation croissante, non seulement interne aux pays, mais aussi entre pays ? Dans un monde où la production de biens ou de services peut être localisée dans n’importe quel pays, et où une part importante de la demande en main-d’oeuvre faiblement qualifiée disparaît du fait de la robotisation, verrons-nous tous ceux qui en ont les moyens s’installer dans les pays dotés d’institutions robustes et offrant une bonne qualité de vie ?”1

Je voudrais ajouter une toute dernière chose avant d’entrer dans le vif du sujet : 

Dans les pages qui suivent, je vais régulièrement mentionner l’alliance récurrente qui unit l’Industrie, la Finance, l’Agriculture et l’Administration. Alliance que je qualifierai par ailleurs de vieux couple. Autant vous prévenir, je ne serai pas tendre avec eux. Mes propos pourraient être interprétés comme décrivant un grand complot contre l’individu, mais il n’en est rien. Je ne crois pas du tout au grand complot. Mes recherches m’ont poussé à affirmer qu’à un moment précis de l’histoire, les deux se sont alliés pour construire ce qu’ils pensaient être le mieux pour tous (et pour eux aussi et surtout). Ce moment de l’histoire – les historiens pourraient me contredire sur ce point – est à mon sens le moment où l’école devient obligatoire dans les pays occidentaux, c’est-à-dire à la fin du XIX° siècle. Le monde dans lequel nous vivons s’est forgé dans cette alliance et a évolué tout au long du siècle suivant, de manière presque naturelle – du moins si l’on prend en compte la logique qui s’est mise en place à ce moment-là – et c’est figé au lendemain de la seconde guerre mondiale. La contre culture californienne des années 60 – libertarienne ou anarchiste – a cependant commencé à ébranler solidement cette alliance, nous inculquant dans un premier temps des idées, et dans un second temps en nous donnant des outils qui nous permettent aujourd’hui, à nous citoyens lambda du XXI°siècle, de changer le monde et de gagner progressivement notre autonomie… 

Sébastien Colson 

Cet article fait partie d’une longue série intitulée, Une époque formidable : Comprendre, accepter et s’adapter au XXI°siècle !

La version intégrale de la série est disponible sur l’Amazon Store, en version Kindle

C’était bien ?

Bon…

Mais ce n’est pas tout, car une époque formidable c’est aussi un site Web et des centaines de réflexions qui traitent des problématiques de notre monde et c’est aussi…

Un bureau de rédaction, d’illustration et un service de sponsoring !

Ah oui, au fait, nous sommes aussi sur Facebook, Twitter, Instagram, YouTube et nous avons aussi un groupe sur Facebook sur lequel nous pouvons discuter de toutes les problématiques qui se posent à nous, donc on vous y attend car nous avons besoin de vous !

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