En 2018 sortait Bandersnatch, un film adapté de la désormais mythique série Black Mirror. Si Netflix voulait une fois de plus casser les règles traditionnelles du cinéma, on ne peut pas dire pour autant que ce dernier était réussi et agréable à regarder, mais l’expérience était pour le moins intéressante. Pour rappel, le spectateur avait le choix de la tournure que le film pouvait prendre.
Cinq ans après, en septembre, la firme américaine remet le couvert avec une comédie romantique, cette fois. Choose love s’adresse à une clientèle beaucoup plus large et pour autant que Bandersnatch avait un côté légèrement glauque, il semble que cette fois l’expérience pourrait être très efficace et surtout orienter dans une nouvelle direction les fondements historiques du septième Art…
Un cinéma encore et toujours en mutation…
Les règles changent avec les moyens technologiques et c’est entièrement normal. Il en a toujours été ainsi et il n’y a pas de raisons pour que cela change. L’image en action, le son, la couleur, les effets spéciaux déployés avec des moyens numériques, la 3D, les plateformes de streaming, toutes ces technologies ont contribué tout au long de cette courte histoire cinématographique à améliorer ce que l’on appelé pendant des siècles… le théâtre. Néanmoins le cinéma n’a jamais vraiment pû apporter au spectateur une interaction directe avec les artistes comme le fait encore aujourd’hui son prédécesseur. Le théâtre offre en effet cette proximité, d’autant plus que l’espace dans lequel se joue une pièce est restreint à quelques fauteuils. Au contraire, le cinéma peut toucher – toutes proportions culturelles gardées – des milliards de personnes. Les acteurs sont devenus des vedettes internationales que l’on ne peut pas approcher tant leur polarité peut être grande. Ce phénomène accentue encore la distance qui sépare les uns des autres. Il n’est donc pas étonnant que Netflix tente à tout prix de casser les règles en donnant le choix au spectateur de prendre l’orientation du scénario d’un film, d’autant plus qu’avec les intelligences artificielles qui nous envahissent les possibilité peuvent être infinies et la tâche du réalisateur est bien entendu beaucoup moins compliquée…
Notons aussi qu‘avec Choose Love, l’effet de surprise d’un film disparaît. Le réalisateur quitte son rôle de créateur pour devenir en quelque sorte l’opérateur d’une machine technologique. Dans un autre sens, fini aussi les déceptions et bonjour la satisfaction d’avoir eu ce qu’on voulait comme fin !
Une expérience client désormais nécessaire et partout…
Il reste néanmoins qu’avec ce système, celui qui regarde ne vit qu’en partie l’histoire et tout laisse croire qu’à ce stade, l’immersion complète reste un graal à atteindre pour les producteurs. Ce qui laisse aussi entendre que le cinéma pourrait bien rejoindre fortement le domaine du jeu vidéo et Choose Love s’en rapproche, de manière très éloignée pour l’instant, mais ce film s’en rapproche quand même…
Plusieurs éléments nous le montrent et cela commence tout d’abord par les investissements colossaux que l’entreprise de Reed Hastings a fait dans le domaine. Dans un premier temps pour proposer des jeux – aussi maison, vu que Netflix déploie aussi sa propre infrastructure de production de jeux – sur une application mobile et dans un second temps dans son offre de streaming sur écran TV (chose intéressante ici puisque le smartphone peut-être utilisé comme manette).
L’autre élément important est la multiplication des plateformes de streaming et de fait, la multiplication des séries et des films qui submergent désormais un consommateur complètement… gavé. La qualité d’une production redevient donc aujourd’hui un impératif pour les plateformes. Faire participer le spectateur au spectacle devient plus que nécessaire. En bref, l’expérience client s’impose dans le secteur et la créativité est donc de mise. La technologie aidant, notamment avec les casques de réalité augmentée comme le Vision Pro d’Apple, cette expérience va probablement devenir unique en son genre dans les prochaines années. Les tournages demanderont probablement moins de moyens étant donné que les IA génératives, sur base de quelques images généreront elles- mêmes des dizaines, voire même des centaines d’issues aux films et aux séries. Ce qui pourrait faire basculer les budgets des géants du numérique sur le développement de technologies ultra développées directement accessibles chez le spectateur.
Il reste néanmoins une barrière de taille qu’il ne sera pas possible de résoudre sans l’aide des biotechnologies. Cette barrière est celle du ressenti, ce que ne permet pas du tout l’écran aujourd’hui, même avec des technologies 3D sophistiquées comme celle déployées pour le second volet du film Avatar de James Cameron.
Prendre une pilule et avoir l’impression d’avoir vécu dans le film ?
Quand Reed Hastings a déclaré que le pire concurrent de Netflix, c’était le sommeil, il redirigeait la production des séries et des films vers des horizons bien différents de ce qu’ils étaient auparavant. Désormais, le mot d’ordre était fini la dictature du petit écran où la rareté est de mise, désormais, nos clients doivent être gavés par une abondance de produits à ne plus savoir vraiment quoi regarder et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça a très bien fonctionné. Tourner en rond pendant une demi-heure en se demandant ce que l’on va bien pouvoir regarder est devenu en effet une maladie chronique pour beaucoup d’entre nous.
Mais le cinéma ne s’arrêtera pas là, car le but ultime de ce dernier est de donner l’impression d’avoir véritablement vécu l’histoire d’un film. Choose Love se transforme en ces livres que nous avions dans les années 80, ceux dont vous êtes le héros. Il ne serait d’ailleurs pas étonnant qu’avec les moyens que nous possédons aujourd’hui, ceux-ci reviennent à la mode.
Pour vraiment aller dans l’immersion complète d’un film, deux solutions – peut-être entre autres – s’offrent à nous :
Soit de faire jouer directement le spectateur dans un film, comme acteur principal ou secondaire – imaginez ce que cela pourrait donner comme impression d’incarner le mari de Scarlett Johansson ou la femme de Brad Pitt – soit avoir recours a une petite pilule qui vous donnerais véritablement le sentiment d’avoir été le héros de celui-ci. Il est intéressant de devenir James Bond et d’avoir véritablement le sentiment de l’avoir été, mais cette dernière solution est néanmoins risquée et peut faire penser à une mixture qui explose en pleine figure d’un apprenti chimiste qui n’a pas conscience de ce qu’il fait !
Imaginons un instant les conséquences sur le mental que cela pourrait entraîner ?
Si la santé mentale peut être perturbée par de faux souvenirs, elle implique directement une perturbation sur l’individu, donc dans son comportement quotidien, un peu comme dans le film Total Recall, dans lequel les souvenirs persistent avant même que l’injection ne soit faite sur le héros, pour son voyage virtuel sur la planète Mars. D’autant plus que dans ce cas-ci le support qu’est le film lui-même devrait se dématérialiser complètement. Donc ce serait la fin du cinéma comme nous l’avons toujours connu…
Vu sous cet angle, il serait peut-être préférable que la technologie pousse les entreprises à intégrer le spectateur dans la production même, en lui laissant le soin d’en garder un souvenir relatif. Néanmoins, le cinéma poursuit sa mutation et il est possible que Choose Love soit l’élément qui fasse basculer tout ce que Bandersnatch n’a pas réussi à faire…
C’était bien ?
Bon…
Mais ce n’est pas tout, car une époque formidable c’est aussi un site Web et des centaines de réflexions qui traitent des problématiques de notre monde et c’est aussi…
Un bureau de rédaction, d’illustration et un service de sponsoring !
Ah oui, au fait, nous sommes aussi sur Facebook, Twitter, Instagram, YouTube et nous avons aussi un groupe sur Facebook sur lequel nous pouvons discuter de toutes les problématiques qui se posent à nous, donc on vous y attend car nous avons besoin de vous !
