Highway city one…

Thulum, 05 janvier 2029…

Comme je vous l’ai probablement déjà dit, je n’ai pas une vie de tout repos. Je dois à la fois sauver le monde et ma peau par la même occasion. Donc ça fait un peu de travail au quotidien…

Cela fait maintenant quelques jours que je suis au Mexique et il va falloir partir pour d’autres horizons, sans malheureusement avoir pu faire quoi que ce soit d’autre que de bosser, de picoler et de forniquer… Bon désolé d’être aussi direct, mais en gros, je n’ai pas vraiment eu le temps d’aller voir des vestiges Maya.  L’itinéraire qui m’attend c’est l’Afrique d’abord, puis l’Espagne et peut-être si j’ai de la chance la France, pour un retour aux sources, en espérant que je puisse mettre la main sur cette petite peste qui est toujours en cavale avec des données précieuses que je dois absolument récupérer. Apparemment tout indique qu’elle se dirige vers Montpellier et ça tombe bien parce que j’adore cette ville.  

Ce qu’il y a vraiment de génial avec Earth, c’est que la boite s’occupe de tout et que vous avez en permanence l’impression d’être dans un service à plusieurs dizaines d’étoiles. J’ai une appli toute simple pour appeler mon taxi vers le Cap de Cancùn, – oui c’est comme cela qu’on l’appelle maintenant – on appuie sur un simple bouton d’un écran et puis hop, la fourgonnette Hearth arrive. Pas de conducteur, des sièges modulables pour devenir une salle à manger, un bureau, une chambre à coucher et bien entendu un bar bourré de bières, de vin et de snacks, juste histoire de tenir le temps qu’il faut pour mettre les voiles pour Dakar…  

Quand je pense que mes parents se sont cassé la tête à faire la file pendant des heures dans des aéroports, ça me fait un peu mal, mais finalement je suis vraiment content de voyager et de ne pas avoir à encaisser l’inconfort des transports en commun. Seuls les vieux acceptent encore aujourd’hui de monter dans ces boîtes de conserve dans lesquelles on vous ordonne de manger, de boire et de pisser quand on l’a décidé pour vous. Bref, si vous prenez en compte les files d’attente que vous devez faire pour monter et descendre d’un avion, attendre vos bagages et faire la queue pour avoir une voiture de location et c’est sans même compter les embouteillages pour sortir de la ville, c’est vraiment loin d’être sexy. 

Mes parents , comme tous ceux de leur génération, étaient finalement des gens plutôt dociles. Pour preuve, ils continuent encore aujourd’hui de prendre des avions alors qu’il y a bien d’autres moyens, beaucoup, mais vraiment plus agréables de voyager.

Le système qu’avait imaginé Hearth était tout contraire…

De porte à porte, l’expérience client devait être absolument parfaite, même sans avoir un budget énorme et cela exigeait de développer des moyens de transports tout à fait différents de ceux qui existaient déjà. Bien entendu le développement massif de l’IA à contribué à faire chuter les prix drastiquement. Auparavant seuls les riches pouvaient avoir droit à quelque chose de moyen, sans jamais réellement avoir quelque chose de sensationnel. Ce qu’avait imaginé Hearth était radicalement différent. Il s’agissait de fournir au monde entier les moyens de voyager partout, le plus vite possible, tout en éliminant les contraintes liées aux moyens de transports traditionnels. Cela passait bien entendu par les routes, mais Hearth avait aussi privilégié les mers plutôt que le ciel.  Les navettes routières de l’entreprise parcourent aujourd’hui le monde entier et pour lier les continents, mon entreprise a développé des bateaux un peu particulier qui partent des plus grandes villes côtières de part le monde, sans forcément avoir des lignes prédéfinies comme c’est encore le cas avec les avions de ligne. En gros, si vous voulez vous rendre à un endroit précis sur le globe, vous vous connectez à l’appli universelle de la boîte et vous voyez si suffisamment de personnes vont dans la même direction que vous ! 

Dans mon cas c’était soit Abidjan ou Dakar et bien la multitude a choisi pour moi et ce sera donc Dakar…

Les infrastructures sont toutes nouvelles et j’ai la chance de les tester. Ça fait aussi partie du Taff et c’est pour ça qu’on me paye. Pour échapper aux contraintes de la surcharge de passager nous avons conçu des véhicules ultra rapides qui permettent de transporter 60 passagers au maximum. Aussitôt descendu de la navette routière, dans laquelle l’utilisateur doit s’être vraiment bien amusé – c’est un impératif indiscutable pour l’entreprise – il est amené dans une ère d’embarquement qui ressemble plus à un restaurant qu’à un port de plaisance. L’architecture est basée sur un dôme ultra ITech, épuré blanc, de petite taille et qui possède la capacité d’être recouvert entièrement de cellules photovoltaïques et cerise sur le gâteau, le bâtiment est complètement autonome. Mieux encore, une salle de fitness et une plaine de jeux pour les enfants sont accessibles et chacune est raccordée à des génératrices pour produire une partie de l’énergie qui charge le navire. Ce n’est bien entendu pas suffisant mais deux mini stations hydro-électriques équipent le site et ce n’est pas du tout négligeable, d’autant plus que quand on est en bord de mer, ce n’est pas vraiment compliqué.  A l’intérieur tout est blanc : le sol, les parois, le bar, les divans, les chaises et les tables. On vous y accueille et on vous sert comme dans un restaurant à la différence que les consommations sont incluses forfaitairement dans votre billet. Pendant que vous mangez et vous buvez un verre, votre passeport et votre visa sont vérifiés – généralement des IA ont déjà fait le travail, mais un peu de prudence ne fait jamais de mal – et on vous le rapporte dès que les formalités administratives sont terminées. C’est net, précis et extrêmement rapide ! 

Autant vous dire que Hearth n’a eu aucun mal à s’imposer sur le marché avec  ce type de service. De leurs côté les compagnies ferroviaire et aériennes sont toujours étranglées par un immobilisme consternant, qui fait malheureusement partie de leur ADN et leurs usagés sont toujours autant confrontés aux nombreuses files, aux heures interminables d’attentes, aux grèves et je passe sur les contrôles de sécurité et sur les prix complètements dingues dès que vous voulez boire une bière. 

Hearth a réellement engagé une rupture avec le concept du voyage. Elle offre à la fois les déplacements et les logements, mais surtout l’entreprise a réussi à éliminer complètement toutes les sources de stress qui leurs sont liées. Après un bon moment passé dans la navette routière, c’est un bon moment à passer sur la plateforme d’embarcation. 

Et puis vient le moment d’aller à bord…

Ce bateau, qui n’en est plus vraiment un, a lui aussi déclenché une rupture complète avec tout ce qui existait auparavant dans le domaine. C’est en quelque sorte une fusée flottante sur laquelle on a ajouté deux stabilisateurs sur chaque côté. Ici encore alors que le secteur industriel ne jurait que pas l’hydrogène, Hearth a fait tout le contraire des autres en misant sur le tout électrique. Des partenariats avec le pionnier du transport automobile et spatial ont été mis en place au début de la décennie et le bateau, après la voiture, le pick-up et le véhicule poids lourd est devenu lui aussi un véhicule électrique. Les deux stabilisateurs du navire contiennent deux batteries qui pèsent chacune près de dix tonnes. Ce qui procure au navire une stabilité absolument extraordinaire et toute l’énergie nécessaire pour faire un voyage de plus de 7.000 kilomètres (7.330 exactement) en une dizaine d’heures, du moins à moitié.

“Welcome on board ladies and gentlemen…”

Côté expérience client et en cela je faisais partie de l’équipe qui travaillait sur le concept, et bien le navire dans lequel vous embarquez va vous procurer un souvenir que vous n’allez jamais oublier dans votre vie. Nous embarquons dans cette espèce de gros tube qui dispense trois catégories de passagers – non plus des classes – mais plutôt des zones favorables à certains plutôt qu’à d’autres. En d’autres termes, fini le sempiternel, tu veux un verre de champagne et bien mon gars, tu le payes avec une upgrade en Business Class. Pour le même prix, vous vous concentrez sur le Zen et vous voguez amicalement sur les vagues, ce qui vous fait aussi une cure de thalasso pendant un bon moment, soit vous continuez de bosser dans un espace complètement hallucinant dans lequel tout le personnel, en grande partie des robots et des IA, font tout pour que vous passiez un bon moment, soit vous vous plongez dans une immersion totale pendant des heures et vous allez visiter l’Univers que des télescopes spatiaux photographient et filment pour vous. Hearth avait mis aussi en place des espaces virtuels dans lesquels des écrivains célèbres, comme Victor Hugo, venaient présenter leurs œuvres anciennes, voire même toutes récentes. Et oui, les IA sont tellement douées pour ce genre de truc qu’aujourd’hui ce n’est plus vraiment compliqué.

En gros, le confort à bord n’est pas négligeable. Ici encore, nous sommes dans un espace similaire à celui dans lequel nous avons attendu pour embarquer. Un  restaurant, un plus étroit, sur deux étages, avec des espaces où les sièges se transforment facilement en couchette. Un bar et un restaurant toujours ouverts sont à la disposition des voyageurs et des applications vous aident même à faire des activités d’écriture et de dessin pour vous détendre. L’Océan, ça inspire toujours, surtout que le fait de se sentir à la fois bercé par les vagues qui frôlent cette fusée flottante provoque des sensations absolument démentielles. Le seul bémol, c’est l’escale obligatoire pour recharger les batteries. Technologiquement ce type de navire consomme beaucoup d’énergie et malgré les panneaux solaires qui sont déployés sur sa surface visible, ce n’est pas suffisant donc une escale est obligatoire…

Bon il faut bien avouer qu’il y a pire. La boîte a reconverti une flopée de stations pétrolières pour en faire des sites d’escales, des hôtels, des parcs d’attractions ou des centres de recherches. Certaines sont même équipées de plateformes sur lesquelles les boosters des fusées atterrissent. Une attraction qui attire un monde de dingue et forcément énormément d’argent, ce qui sert à rendre l’activité plus lucrative mais aussi plus accessible pour nos clients. Ce sont aussi des fermes solaires et éoliennes qui ont de grandes performances en termes de production énergétique. Dans les grandes lignes, l’heure que je dois passer sur cette plateforme est loin d’être désagréable. On continue de se divertir, de boire, de manger et de bosser, sauf que c’est vachement confortable et j’adore ça !

Dans un peu moins de cinq heures, j’arriverai à Dakar pour contrôler les derniers tests relatifs au plus gros des projets – ce qui est inscrit profondément dans l’ADN de Hearth, c’est à dire Highway City

Highway City est un projet incroyable qui consiste à développer dans des pays qui sont encore aujourd’hui en voie de développement, des villes miniatures ultra technologiques. En gros nous voulons apporter du développement durable en urbanisant certains points autoroutiers. C’est un de mes bébés, peut-être le plus important et il était clair que Dakar soit l’étape nécessaire pour aller jeter un coup d’œil sur les derniers préparatifs avant que les deux big bosses se pointent pour inaugurer en grandes pompes tout le projet…

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